On croit savoir qu'à cette occasion, il sera procédé à la libération de tous les détenus, au nombre de 57. La crise qui secoue la Kabylie, depuis maintenant deux ans, connaîtrait son dénouement par la diffusion d'un communiqué de la présidence de la République appelant le mouvement citoyen à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, au plus tard le 20 avril prochain, avons-nous appris de sources concordantes. Cette annonce intervient au moment où le mouvement citoyen est menacé de dislocation en raison des luttes intestines notamment entre trois tendances partisanes. Ces courants, qui s'agitent pour avoir la mainmise sur le mouvement, se sont neutralisés et continuent de le faire à l'occasion de chaque conclave de l'interwilayas, celui de ce week-end tenu à Yakouren (Tizi Ouzou) ne déroge malheureusement pas à la règle. De ce fait, la reprise en main du mouvement s'avère salutaire. Elle serait le fruit d'un travail difficile, allant même à contre-courant du discours local ambiant. Un travail qui a visé des délégués et des notabilités de la région sur la base du communiqué du 29 septembre 2002 rendu public par d'anciens membres du dialogue gouvernement-citoyens libres. C'est aussi l'aboutissement, un an après, de l'engagement solennel du Président de la République quant à la satisfaction des revendications du mouvement citoyen, lors du discours qu'il a prononcé à la conférence nationale le 12 mars 2002. Pendant ce temps, le mouvement n'a pas cessé de mettre, en avant la condition sine qua non pour la reprise du dialogue, à savoir la libération inconditionnelle des détenus du mouvement. On croit savoir qu'à cette occasion, il sera procédé à la libération de tous les détenus, au nombre de 57, ainsi que des centaines d'autres détenus des émeutes ayant eu lieu à travers le territoire national. On apprendra également que les délégués et autres personnalités ayant montré un sens aigu de la responsabilité lors du travail de sensibilisation qui aura duré près de six mois, seront associés à la rédaction dudit communiqué. Il est utile de souligner que la crise qui perdure dans la région a développé toutes sortes de fléaux, faute de sécurité. En effet, le pillage de sable, le trafic de drogue, la prolifération des cabarets et du commerce du sexe et surtout l'acharnement de certaines parties à la mise à genoux d'un pôle industriel florissant autour de la vallée de La Soummam, sont quelques échantillons du mal qui ronge la région. Et les délégués autoproclamés du mouvement ne daignent souffler mot. C'est, semble-t-il, la raison pour laquelle les opérateurs de la région, notamment ceux de la wilaya de Béjaïa, auraient décidé de sortir de leur mutisme pour préserver le tissu industriel local et participer au plan de reconstruction de la Kabylie. L'Etat, de son côté, a concocté un plan d'urgence pour rattraper le retard accumulé dans la région. Une enveloppe de 1080 milliards de centimes et une rallonge de 500 milliards viennent d'être débloqués pour la wilaya de Béjaïa uniquement. Ce dénouement visera aussi à participer à combler le vide institutionnel provoqué lors des élections locales du 10 octobre 2002. Plus de cinquante communes sont privées d'assemblées élues, et avec la complicité de certains hauts fonctionnaires locaux, des populations entières sont livrées à elles-mêmes. Nos sources ajoutent également que la gestion du dossier de la Kabylie qui donnera lieu, vraisemblablement, à des commissions bipartites Etat-mouvement citoyen, serait étudiée de telle sorte que seuls les citoyens détenteurs de mandats authentiques de la population seraient aptes à négocier. Différents points de la plate-forme devraient être discutés et des calendriers seraient arrêtés d'un commun accord. D'ores et déjà, certaines revendications, à l'instar du point 11 du document d'El-Kseur, auraient fait l'objet d'un travail de réflexion poussé à la suite des recommandations de la commission de refonte des structures de l'Etat. Ce qui expliquerait, selon certains observateurs, le retard mis dans la mise en oeuvre de la plate-forme.