Au neuvième jour de l'agression contre l'Irak, la guerre prend un visage franchement hideux. Une guerre a-t-elle jamais été propre? C'est pourtant ce postulat mis en exergue, lors de la deuxième guerre du Golfe (1991), - avec les fameux concepts de frappes «chirurgicales» et de «zéro» victime (américaine, bien entendu) -, que les faucons et stratèges de George W.Bush comptaient reconduire dans cette troisième version de la guerre en Irak. Les choses sont-elles aussi simples, voire aussi mathématiques, que les faiseurs de guerres américains tentent d'en convaincre la communauté internationale? Certes, non! Cette fois-ci les objectifs que se sont tracés les stratèges américains en Irak sont différents. Ce n'est plus une guerre de libération comme on pourrait, à la limite, qualifier les attaques contre l'Irak de 1991, mais bel et bien une guerre de colonisation qui ne recule devant aucun forfait pour atteindre le but fixé. De fait, la guerre prend de plus en plus une tournure sale qui n'a aucun rapport avec la mission «divine» dont le président américain Bush croit, ou prétend, avoir été investi. Car, affirme-t-il, il aura en Irak, et plus globalement dans le monde arabe, une mission rédemptrice, voire «civilisatrice». A l'en croire, M.Bush veut apporter, fût-ce à coups de canons et de missiles, la «démocratie» à des peuples qui, certes, ne peuvent attendre moins du maître du monde. Mais, au regard de ce qui se passe en Irak depuis le 20 mars, jour du début de l'offensive américano-britannique sur Bagdad, et la farouche résistance qu'oppose le peuple irakien à l'invasion, il est patent que l'on ne «libère» pas un peuple de force, contre son libre-arbitre. Ainsi, l'opération «Liberté de l'Irak», qui prend franchement un tour hideux, tourne au cauchemar tant pour les agresseurs américano-britanniques, où le postulat de zéro victime s'est perdu dans les limbes de l'Euphrate, que pour le peuple irakien qui n'avait pas besoin de ce surplus de souffrance. Cyniques, froids et déterminés, les faucons américains, forts de la puissance écrasante des Etats-Unis, ont balayé, comme quantité négligeable, le refus de l'immense majorité de la communauté internationale, du recours à la guerre alors, que, outre le fait que tous les spécialistes admettent aujourd'hui que l'Irak est totalement désarmé, les solutions diplomatique et pacifique étaient loin d'être épuisées. Entendre la voix de la raison, c'est quelque part conserver un doute, cette incertitude, qui donne aux relations internationales de rester dans les limites de la civilité. M.Bush, ses conseillers et ses stratèges, qui n'avaient pas ce minimum, ne doutent de rien et surtout pas de la mission qui, selon eux, leur est impartie. Dès lors, la communauté internationale peut manifester contre la guerre, le Conseil de sécurité, majoritairement, dire non à la guerre, cela reste insuffisant pour que M.Bush écoute des avis contraires, appelant à la retenue, du moment que lui et ses conseillers ont décidé que la guerre contre l'Irak est dans l'intérêt des Etats-Unis. Au raisonnement et à la conciliation auxquels l'invitaient ses pairs, - notamment ses alliés traditionnels comme la France et l'Allemagne-, George W.Bush a opposé le mépris et l'arrogance d'un président à la tête du plus puissant Etat de la planète, qui n'avait que faire des avertissements de ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui, au moment où il était prêt à faire basculer le monde dans le chaos. Ce chaos est déjà visible à Bagdad (5 millions d'habitants) à Bassora (2 millions d'habitants, dont le quart de la population, privé d'eau et de vivres depuis une semaine, est sous la menace d'une catastrophe humanitaire) bombardés sans répit depuis dix jours par les avions de la coalition américano-britannique. Les morts irakiens se comptent par centaines, les blessés par milliers, tout comme les prisonniers, alors que des villes comme Oum Kasr et Nassyriya sont en partie détruites. C'est celle-là la liberté que M.Bush voulait apporter aux Irakiens? Quelle différence pouvait-il y avoir entre la façon dont les militaires britanniques détruisaient des habitations à Bassora, et la brutalité avec laquelle ils se conduisaient avec les prisonniers irakiens, et celle dont use l'armée d'occupation israélienne contre la résistance palestinienne? Aucune, sinon que les uns et les autres tuent les Irakiens et les Palestiniens au nom de la «liberté» et de la «démocratie». En vérité, M.Bush et son acolyte britannique, Tony Blair, se conduisent en Irak comme de parfaits malotrus, des forts à bras, massacrant des populations innocentes, grisés qu'ils sont par la puissance qui est la leur. Mais, il ne fait pas de doute cependant, que leurs armées sont en train de commettre des crimes contre l'Humanité en Irak passibles de la nouvelle Cour pénale internationale de La Haye (CPI). La guerre que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont déclenchée contre l'Irak n'est ni légitime ni propre et les affreux carnages à Bassora, à Bagdad, à Nadjaf, à Nassyriya ou à Oum Qasr témoignent que c'est surtout une guerre sale programmée par des psychopathes avides de dominer le monde.