L'Europe de la paix se rappelle qu'elle a des partenaires sud-méditerranéens et une coopération à faire évoluer. Le président de la Commission européenne, M.Romano Prodi, est en Algérie pour une visite de deux jours au cours de laquelle il examinera avec les hauts responsables algériens l'évolution des relations bilatérales entre son institution et notre pays. Mais il va sans dire qu'autant son séjour que ses entretiens avec ses interlocuteurs algériens vont se dérouler sur fond de l'omniprésence dans les esprits que dans le verbe de la guerre américano-britannique contre un pays arabe, l'Irak. Faut-il rappeler que la Grande-Bretagne, qui est un des belligérants de ce conflit, est un pays membre de l'institution que préside M.Prodi? Pour autant, la guerre quelle qu'elle soit n'interdit pas aux Etats et aux institutions, qui sont en paix ou en sa faveur, de faire des affaires et d'entretenir leur coopération et leurs échanges commerciaux dans tous les domaines. C'est là le sentiment qui se dégage de la programmation de cette visite du président de la Commission européenne en Algérie dans la conjoncture internationale actuelle. D'ailleurs, dans une déclaration à la presse dès son arrivée à Alger où il a été accueilli par le Chef du gouvernement, M.Ali Benflis, le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, ainsi que les principaux ministres chargés des secteurs de coopération avec le Vieux Continent, tels que l'Energie et les Mines, les Finances ou la Petite et Moyenne entreprises, le responsable européen a donné le ton approprié au contexte de sa visite, en indiquant que son institution et l'Algérie ont ouvert ce qu'il a appelé «un chapitre tout à fait nouveau» dans la coopération culturelle visant notamment à «éviter les conflits de civilisations» du fait que «nous appartenons au même espace méditerranéen». S'agissant de la coopération économique algéro-européenne, M.Prodi, insistant sur les moyens de renforcer celle-ci, notamment dans «les domaines financier et commercial», s'est voulu rassurant quant aux inquiétudes de parties tierces relatives aux conséquences de l'élargissement sur elles. «Il est clair que l'élargissement de l'UE ne se fait pas contre d'autres pays» dont «l'Algérie qui a signé un accord d'association avec nous», a-t-il dit. Cet accord, paraphé en décembre 2001 à Bruxelles et signé en avril 2002 à Valence, en Espagne, permet aux deux parties de construire leurs relations générales sur des bases solides et dans un cadre institutionnel précis. Ratifié en octobre dernier par le Parlement européen et depuis, en cours de ratification par les Parlements nationaux des pays membres de l'UE et par le Parlement algérien, il n'entrera en vigueur cependant que d'ici à trois ans, même si les mesures d'accompagnement prévues dans le cadre des programmes Meda visant la mise à niveau de l'économie algérienne que le gouvernement algérien a déjà entreprises, sont actuellement lancées . Pourtant, d'ores et déjà, on souligne de sources proches de la délégation de la Commission européenne à Alger que l'objectif d'un demi-milliard d'euros (45 milliards de dinars) d'engagements et de dépenses sera atteint en 2004 et touchera plusieurs secteurs d'activités économiques et sociales. En outre, les relations bilatérales Algérie-UE ont été renforcées lors de la première visite en Algérie de M.Prodi en janvier 2001 lorsque les deux parties ont signé trois conventions de financement de projets de coopération d'un montant de 30 millions d'euros dont une partie (17 millions d'euros) était programmée pour être affectée aux mesures de consolidation des réformes dans les secteurs des télécommunications et des services postaux et de développement de la société d'information. En tout cas, le président de la Commission européenne devrait exposer à ses vis-à-vis algériens les grands axes de la nouvelle politique de proximité que son institution avait proposée au Conseil des ministres de l'UE et au Parlement européen appelée «un nouveau cadre pour les relations avec nos voisins de l'Est et du Sud». Tout un programme dans lequel l'équilibre serait difficile à tenir.