Tout le monde s´accorde à dire que la politique de prestige ne profite qu´à ceux qui la pratiquent et qui n´ont, en général, rien à perdre dans des entreprises qui peuvent se révéler funestes, voire périlleuses pour d´autres. Que ce soit en politique ou en économie ou tout simplement dans la recherche de records dangereux, ceux qui, soit n´investissent pas un sou de leur propre caissette, soit cherchent en investissant peu à recueillir de fructueux dividendes, n´hésitent pas à mettre en danger la vie d´autrui. Le secteur privé, à l´ère de la concurrence sauvage, offre bien des exemples. La chaîne Histoire illustre cette course à la domination des marchés par la triste mésaventure du Titanic qui causa la mort de plus d´un millier de personnes. A l´aube du XIXe siècle, deux nations européennes se disputaient la suprématie maritime dans le créneau bien juteux de croisières touristiques dont la nouvelle classe émergente des millionnaires est friande : l´Allemagne avait déjà construit deux grands paquebots transatlantiques: le Lusitania et le Mauretania. Pour ne pas rester en retrait, le patron de la compagnie britannique la White Star Line, J.P.Morgan, commande aux chantiers anglais un bateau encore plus grand de 5 étages! C´est le Titanic. Parti de Portsmouth le 10 avril 1912, avec à la barre un vieux capitaine expérimenté dont se devait la dernière traversée avant une retraite bien méritée, le bateau s´élancera vers son destin avec presque 3000 passagers et membres d´équipage. Une grève des mines de charbon au Royaume-Uni battait son plein, ce qui va obliger les armateurs à mettre tout le charbon disponible dans les soutes du géant des mers. Or, au beau milieu de l´océan Atlantique, un incendie va se déclarer dans la montagne de charbon qui se trouve au coeur des machines, incendie que l´équipage ne pourra éteindre. Le bateau continua sa route sans que le capitaine tienne compte des messages prévenant du danger d´icebergs. Les vigies n´étaient pas munies de jumelles, ce qui les aurait aidées à détecter le danger. Le Titanic n´était pas suffisamment équipé en chaloupes de sauvetage et les marins étaient tous des novices: ils n´avaient fait aucun exercice de simulation auparavant. Toutes ces conclusions, auxquelles les chercheurs sont arrivés après compulsion des archives judiciaires et examen de l´épave, ont amené les journalistes à penser que c´est le vice-président de la White Star Line qui a obligé le capitaine à continuer sa route à la vitesse maximale pour battre un record. Le grand scandale révélé est que les chaloupes mises à l´eau n´étaient remplies qu´à 50%. Le plus grand scandale fut que les passagers de 3e classe ont embarqué en dernier. Ce sont les gens les plus fortunés qui ont été avantagés dans le sauvetage. L´injustice de classe est la plus criante. Ce que vous ne lirez pas dans la superproduction de James Cameron, avec Leonardo Di Caprio et Kate Winslet.