Que se passe-t-il entre Bouteflika, ceux que l'on considère comme des superministres et le Chef du gouvernement? Ni conseil des ministres ni textes de loi adoptés ou débattus depuis plus d'un mois, date de la fameuse rumeur qui faisait état de différends insurmontables entre le chef de l'Etat et son Chef du gouvernement. Cette rumeur a été confortée depuis que l'on a commencé à parler avec insistance d'un imminent remaniement gouvernemental. D'ailleurs, les noms des prétendants à la succession à la tête de l'Exécutif circulent désormais ouvertement dans tous les salons et salles de rédaction de l'Algérois. Cette situation de statu quo dans la gestion des affaires de la cité en relation avec le calendrier électoral a été précédée par des blocages sans précédent dans les réformes à tous les niveaux. Des sources bien informées indiquent que cette situation a provoqué la colère de Bouteflika lors du dernier Conseil des ministres. «Vous voulez bloquer mes réformes», se serait-il exclamé. L'on évoque l'existence de 40 % de décrets présidentiels relatifs à la promotion de l'investissement attendant toujours leurs textes d'application, avec toutes les conséquences néfastes sur la réussite du plan de soutien à la relance économique. Cela sans oublier le nombre important de textes de loi qui hibernent dans les tiroirs de l'Assemblée populaire. Certains qui s'intéressent à la sphère politique affirment pouvoir déterminer si c'est le législatif qui est à l'origine de cette stagnation, ou bien l'Exécutif. La machine décisionnelle n'a pas pu échapper au flou, ont estimé des députés de l'opposition. Par pudeur politique (s'il en existe) ou par solidarité gouvernementale, le chef du gouvernement n'a jamais critiqué ouvertement les superministres, en l'occurrence Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, et Abdelhamid Temmar, ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Il s'est toujours contenté de faire des insinuations sous la casquette du parti. Ces superministres, comme les qualifient les syndicalistes, agissent hors du périmètre gouvernemental. L'autre point important est le poids important des commissions de réformes dont certains minis- tres, indépendamment de l'application des orientations gouvernementales, doivent tenir compte avec les trop nombreuses contradictions existant entre les uns et les autres.