La décision du Président ne semble pas étonner les premiers partis qui l' ont commentée. Prudence et conformité avec les positions de principe de leur formation politique résument le contenu des premières réactions enregistrées chez les partis politiques que nous avons pu joindre hier pour avoir leur impression et leurs premières appréciations sur la nouvelle donne de la scène politique nationale introduite par le chef de l'Etat en décidant de se séparer de l'Exécutif issu des législatives du 30 mai 2002. Pour eux, et c'est la première remarque, ce qui était présenté comme de simples rumeurs et spéculations sur la crise au sommet de l'Etat s'est confirmé. Le Président de la République en rendant public hier un communiqué par lequel il a «informé son Chef du gouvernement de sa décision de procéder à la nomination d'une nouvelle équipe gouvernementale», tout en lui demandant de «bien vouloir continuer à assurer la gestion des affaires gouvernementales», confirme que la crise couvait bel et bien et ne pouvait se résoudre fatalement que par cette issue. Si des partis comme le FLN, le MSP, le MRN ou le PT étaient injoignables hier soir, en revanche le RND, dont le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, est officiellement nommé pour succéder au patron du FLN, Ali Benflis, et le FFS ont bien voulu donner leur premier avis sur l'événement. Nullement pris de court par ce changement, M.Miloud Chorfi du RND considère que «c'est dans les attributions constitutionnelles normales du Président de la République de prendre ce genre de décisions». Et à la question de savoir l'état d'esprit des membres de son parti quant à la deuxième nomination de leur patron à la tête du prochain Exécutif, M.Chorfi a estimé que son parti qui «s'est toujours placé dans le courant nationaliste, est au service du processus du redressement national et du pays». Usant d'une tout autre appréciation, le porte-parole du FFS, qui se présente comme le chef de file de l'opposition, M.Karim Tabbou, a déclaré que «du point de vue du FFS, cette mise à l'écart de Benflis vient rappeler à ceux qui se sont fait des illusions que le vrai pouvoir est exercé en dehors des institutions». Pour le FFS, «cette décision jusqu'à-là secret de Polichinelle, est le résultat d'une lutte clanique au sein du sérail». «Elle démontre enfin, la précarité institutionnelle qui ronge le pays depuis 1992, (et) qu'au-delà des repositionnements des uns et des autres, il y a nécessité d'aller vers des solutions basées sur un dialogue transparent avec toutes les forces politiques vraiment représentatives des populations algériennes». Reste à connaître maintenant les prises de position du reste de la classe politique nationale qui ne manquera pas de se manifester et de commenter l'événement dans les prochains jours, si ce n'est dans les prochaines heures, et plus important de se mettre en phase avec la nouvelle donne.