La société américaine, plus que tout autre et comme toutes les autres, ne serait-elle qu´une pièce à deux faces: l´apparente, prude, traditionnelle, religieuse, respectueuse des traditions, des convenances et des institutions et l´autre, spontanée, audacieuse, dévergondée, débauchée et pratiquant la loi de la jungle. Ce mélange de Sodome et Gomorrhe dans l´enceinte du Temple de Jérusalem est la peinture que font certains auteurs américains qui ont transgressé tous les tabous et offrent ainsi aux lecteurs et aux téléspectateurs le portrait fidèle de l´Amérique profonde, celle qui travaille, sue, aime et vit les drames de la vie quotidienne. John Updike est célèbre pour avoir décrit dans ses romans, ces petites communautés mi-rurales, mi-urbaines qui fréquentent les mêmes églises et les mêmes bars s´invitent entre elles et semblent vivre dans une entente parfaite, cette entente qui fait le ciment de l´Amérique et qui, reléguant les petits problèmes dans le subconscient, préfère s´épauler pour les grandes valeurs qui ont fait la grandeur et la puissance de cette nation et entre toutes ces valeurs, c´est le travail qui domine et affirme l´efficacité d´une société. Ainsi, dans les romans d´Updike, c´est un peu la Ronde: A qui vit avec B aime C qui lui-même travaille avec D qui a une relation coupable avec B et ainsi de suite, toute la paroisse qui, le dimanche, s´affiche à l´église en chemise blanche avec col amidonné, a passé en réalité le reste de la semaine dans des draps d´une blancheur douteuse...Si dans le cinéma des années 20 et 30, ces relations sont condamnées par la morale avec le code Hayes, plus tard, c´est le sentiment amoureux qui va donner au cinéma américain son meilleur lustre. La morale régressant, c´est le triomphe de l´individualisme et de la réalisation de la volonté personnelle qui va dominer. Dans le film programmé par FR2 à une heure tardive, après un thriller plein de suspense, c´est une communauté urbaine qui est dépeinte, au travail et en ville. C´est en fait un microcosme bien particulier: il s´agit de la corporation spécifique des aiguilleurs du ciel dont la tâche est essentielle à un moment où le danger vient, pour les Américains, du ciel. Il faut dire que cette corporation stratégique a focalisé l´attention du monde entier: en grève, ils risquaient de paralyser l´activité d´un pays où les transports aériens jouent un rôle de premier plan. C´était au début des années 80: l´administration Reagan a licencié tous les aiguilleurs civils et a mobilisé les aiguilleurs militaires pour régler la circulation sur les routes du ciel. La France avait essayé de faire de même durant la grève des transporteurs et des éboueurs. Donc, le film interprété par des jeunes comédiens, valeurs montantes d´Hollywood, va raconter les complications dans les relations entre aiguilleurs du ciel sur le ton de la comédie bien sûr ! La morale est qu´il ne faut pas mélanger travail et vie privée!