Ce n´est peut-être pas un hasard si deux grands noms attachés à la tragique histoire de la guerre d´Algérie viennent, presque simultanément, de quitter la scène provisoire de l´existence terrestre au moment même où l´Histoire prend un douloureux et insupportable virage. D´abord, il y a lieu d´avoir une pensée pour feu Mahfoud Kaddache, historien sorti de l´école du nationalisme algérien qu´étaient les SMA, organisation fondée par le PPA. Ensuite, il y a lieu de saluer bien bas cet intellectuel engagé que fut Pierre Vidal-Naquet, qui dès 1957, fit partie du comité Maurice Audin. Ce comité milita contre les crimes de l´armée française qui se rendit coupable d´une barbarie sans égale. Il publia deux opuscules chez Maspero, cet autre ami de l´Algérie combattante sous le titre «Les crimes de l´armée française». Evidemment, de tout temps, les armées en guerre n´ont jamais été des organisations humanitaires et si, dans l´Antiquité, elles se contentaient de piller, de violer et de réduire en esclavage les civils, les massacres gratuits jugés peu rentables étaient relativement rares. Mais depuis la guerre civile espagnole, ce qui était une exception devint la règle: les populations civiles désarmées sont systématiquement assimilées aux combattants dont elles sont géographiquement ou sentimentalement solidaires ou alors elles deviennent les otages des forces en conflit. Le célèbre peintre, d´origine espagnole, Pablo Picasso, avait immortalisé, avec son talent particulier, l´holocauste dont fut victime le petit village basque, bombardé par l´aviation franquiste qui fut généreusement équipée par l´Etat nazi et par le régime fasciste de Mussolini. Cet acte barbare ne sera que le prélude à d´autres actes dont la cruauté nazie se rendra coupable en URSS plus qu´en Europe de l´Ouest. Le colonialisme français ayant été à bonne école, va perpétuer la tradition en inaugurant à Guelma, Kherrata et Sétif sa série coloniale. Madagascar et l´Indonésie suivront peu après. Les activistes sionistes vont faire connaître aux populations arabes désemparées la face du terrorisme aveugle. Dès 1946, la Palestine sera le théâtre d´actes terroristes visant les populations civiles palestiniennes, qui, mal défendues, prendront le chemin d´un exil qui dure encore. Les sionistes vont entretenir, soutenus par les pays occidentaux, des guerres contre des pays arabes dominés par des régimes totalitaires ou inféodés aux puissances occidentales. La déstabilisation du Liban, toujours inscrite dans la feuille de route des faucons israéliens, ne se contente plus d´opérer des coups de main, mais a entrepris depuis plus de deux semaines une politique d´extermination qui vise essentiellement les populations civiles, l´armée libanaise ne présentant pas une force crédible. Quant au Hezbollah, ce n´est qu´une milice, dont la force de frappe tient plus de la tactique de la guérilla que d´une armée classique qui mobiliserait en face d´elle un Etat surarmé. La tragédie qui a frappé le petit village de Cana, célèbre pour avoir été, selon l´Evangile, la scène où le Christ opéra un de ses miracles: il transforma l´eau en vin, le meurtre d´enfants innocents saura, à coup sûr, dévoiler le vrai visage d´Israël qui, jusqu´à présent, dénonçait les actes des résistants du Hamas ou du Hezbollah du qualificatif de terroristes. Les morts arabes auront-ils la même valeur que les morts israéliens à Wall Street?