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On est vraiment loin de Sant'Egidio !
Publié dans L'Expression le 10 - 05 - 2003


Qui se souvient de Sant'Egidio? En Algérie c'était alors le marasme, un épais marasme, sur lequel les islamistes de l'ex-FIS exerçaient le plus grand magistère. Avec l'appui à partir de l'étranger de relais comme Anouar Haddam qui, sans la moindre hésitation, a revendiqué la forte explosion qui venait de ravager le commissariat central d'Alger. Une bombe qui avait fait plus de 50 morts et plus de 400 blessés dont certains périront quelques semaines plus tard, voire quelques mois. Sorti déboussolé des émeutes du 5 octobre 1988, ne sachant quelles mesures prendre pour endiguer la montée des partisans de Abbas Madani, le FLN, conduit depuis quelques années par Abdelhamid Mehri, un ancien du Gpra en Tunisie, avait cru pouvoir trouver une solution pour redresser la dérive imprimée à l'Algérie, en s'engageant dans le processus dit de Sant'Egidio. Les témoins de cette période trouble et néanmoins sanglante, affirment que le départ vers l'Italie pour tenter de régler les problèmes de l'Algérie sous le regard arbitral de la papauté, Abdelhamid Mehri en avait pris seul l'initiative. Les politologues, qui sont connus pour être particulièrement diserts, ne tarissent généralement pas sur ces questions. Sant'Egidio représentait-il la solution idéale pour Abdelhamid Mehri qui s'y était rendu parce qu'ayant cru que le pouvoir algérien était mûr pour changer de cap? Certains observateurs insistent pour dire que Mehri, qui avait su se tirer de tous les complots connus ou inconnus qui traversèrent les instances algériennes durant la Guerre de libération, ne cherchait rien moins qu'à attirer les islamistes dans le giron FLN en vue de constituer un bloc homogène face à un pouvoir qui, en dépit de son discours théoriquement rassembleur, n'en était pas moins disposé à rechercher le compromis avec les islamistes. Le FLN avait-il gagné pour autant son autonomie vis-à-vis du pouvoir de Chadli Bendjedid comparé à la situation qui prévaut aujourd'hui? A dire vrai non! Pourquoi? Tout simplement parce que ni la conjoncture de l'époque ni les circonstances qui ont conduit l'un (Mehri) à se rendre à Sant'Egidio ni les conditions qui ont fait que l'autre (Ali Benflis) fût congédié par le chef de l'Etat, ne comportent de similitudes entre elles. En d'autres termes, entre la politique menée par Mehri et celle amorcée par Benflis pour affranchir le pays du règne des rentiers et de l'esprit antidémocratique hérité du bouleversement du 19 juin 1965, il y a un monde. Après octobre 1988, on s'en souvient comme si cela datait d'hier, les grands magouilleurs de l'Etat et de ses dépendances, n'avaient pas hésité à désigner le FLN comme porte-drapeau de tous les malheurs endurés par le peuple algérien durant toute la période du «réajustement révolutionnaire» qui, qu'on le veuille ou non, a été la principale cause qui conduisit l'Algérie non seulement aux émeutes d'Octobre à la suite de pénuries préméditées, mais également à frôler la banqueroute pendant l'avant-dernier mandat de Chadli Bendjedid. A contrario, l'autonomie dont il est question aujourd'hui à propos du FLN, n'a rien de factice ni de superficiel car elle puise sa légitimité dans la démocratie qui a été introduite au sein du parti du FLN par Ali Benflis et ses amis. Outre les aspects visibles et vérifiables au moment où le nouveau secrétaire général a introduit dans le fonctionnement du FLN, le programme ronronnant et magistralement inefficient qui a été le lot du parti durant les quatre dernières décennies, a été remplacé par un texte dont les principes cardinaux visent essentiellement à concrétiser non seulement la démocratie, telle qu'on la pratique sur le plan universel, l'émancipation de la femme, la promotion de la jeunesse pour laquelle il a, en donnant l'exemple, ouvert toutes grandes ses portes. Mais ce n'est pas tout. Car, après avoir tiré les enseignements de quarante ans de pouvoir dans lequel il était concerné «in partibus», il a pris une option plus dynamique pour renforcer sa contribution au pluralisme politique sans oublier qu'étant un parti populaire du Centre, il demeure concerné par le sort des laissés-pour-compte que l'économie de marché laissera sur le tapis pendant son expansion. Lors du 8e congrès du FLN durant lequel Ali Benflis avait parlé du FLN en tant «que parti autonome refusant toute espèce de tutelle», il avait pris date avec «l'économie sociale du marché». Démocratie participative, économie sociale de marché, autonomie, voilà le triptyque qui oppose le FLN aux conservateurs dont les objectifs avérés sont restés les mêmes. A savoir gagner de l'argent sans se fouler et avoir barre sur le pouvoir sans légitimité.

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