Ce qui soulève le courroux de tous est le maintien à son poste de Yazid Zerhouni. Le changement de Chef du gouvernement ne semble guère intéresser la rue kabyle. Certes, Ouayhia a très mauvaise presse dans la région, notamment chez les anciens travailleurs compressés et chez ceux, nombreux, qui se souviennent de la fameuse opération dite de «ponctions sur les salaires», et est considéré comme un homme froid, appliquant mécaniquement et sans tressaillement aucun, ce qu'il considère comme un «mal nécessaire». Mais cela ne veut pas dire que son prédécesseur ait une quelconque base en Kabylie. Benflis suscite un peu de sympathie, ne serait-ce que par sa «sortie théâtrale» sans plus. Ce qui, en revanche, soulève le courroux de tous, notamment des ârchs et surtout des jeunes, est le maintien à son poste de Yazid Zerhouni. Ainsi pour un jeune, qui a souvent fait partie des émeutiers, et qui veut garder l'anonymat, Zerhouni apparaît comme «le père-la gaffe avec qui tout ce qu'a connu la région est arrivé». Pour Hassan de Boghni, «le départ de Zerhouni aurait pu être décodé en Kabylie comme un signe de bonne volonté du pouvoir de régler la crise en Kabylie. Maintenant, qu'il est maintenu, le statu quo risque de se prolonger. La région est foncièrement hostile à Zerhouni, donc Bouteflika et Ouyahia auraient dû le sacrifier ou le mettre ailleurs, par pur pragmatisme et dans l'intérêt supérieur de la nation!» S'exprimant en son nom personnel, Nouredine Medrouk de la coordination des ârchs de Beni Douala trouve que «finalement, le système a trouvé en Ouyahia, l'homme qu'il fallait pour faire encore dans le replâtrage (...) Il est vrai que le système honni par le peuple doit disparaître pour mieux appréhender l'avenir, sinon l'impasse est garantie» Par ailleurs, le délégué de Beni Douala revient sur le maintien de Zerhouni : «Le maintien du sinistre Zerhouni est un signe fort du système quant à sa volonté de continuer dans sa logique répressive et impopulaire.» Puis le délégué de souligner: «La seule réponse à tous ces grenouillages politiciens est de continuer le combat jusqu'à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur, scellée et non négociable (...) Le maintien de Zerhouni répond à une stratégie de pourrissement visant à détourner l'opinion publique de la crise que traverse le pays, la Kabylie en particulier». Le délégué de Beni Douala croit voir ici «les enjeux de la présidentielle qui n'aura pas raison de l'engagement citoyen».