Le limogeage de Ali Benflis et la nomination d'Ahmed Ouyahia ont constitué, hier, l'essentiel des sujets abordés par les citoyens dans leurs discussions. Comme à chaque changement, les citoyens se sont montrés en attente sur fond de scepticisme pour certains et d'optimisme pour d'autres. Si pour l'homme de la rue, ses préoccupations se situent principalement sur le plan social, il n'en est pas de même pour les plus politisés, notamment les animateurs des ârchs, qui se sont concentrés sur le règlement de la crise qui perdure depuis maintenant deux années dans la région. Ali Gherbi, figure de proue du mouvement citoyen, déclarait à ce sujet sur un fond de scepticisme qui ne lui est guère habituel: «C'est une autre instabilité qui menace le pays», allusion à la nomination d'Ouyahia auquel il préfère «un technocrate». Il fera remarquer ensuite «le non-respect des règles démocratiques» en citant le poids du parti d'Ouyahia sur l'échiquier politique. Abordant la position du nouveau Chef du gouvernement par rapport au dénouement de la crise en Kabylie, notre interlocuteur s'est interrogé: «Va-t-il la maintenir?» «Quelle sera la composante de son gouvernement?» C'est sur ces deux points qu'il est, apparemment, attendu, avons-nous compris à la fin. Ce qui est fortement redouté reste incontestablement «la reconduction de Zerhouni» qui n'a pas, faut-il le souligner, bonne presse en Kabylie. Au niveau de la rue, c'est plutôt la situation sociale qui est mise en avant. Les citoyens, dans leur majorité, se sont montrés préoccupés sur ce qu'induira ce changement dans leur vie de tous les jours. Aussi est-il fait allusion à chaque fois aux décisions impopulaires d'Ouyahia. Les citoyens vous rappelleront souvent «les ponctions sur salaires», avant de marquer une note d'optimisme quant à la relance de la bipartite avec toutes ses conséquences positives sur le niveau de vie des travailleurs. Conscients que la conjoncture préélectorale est généralement favorable aux travailleurs, nos interlocuteurs gardent espoir de voir le nouveau Chef du gouvernement agir, cette fois, en leur faveur.