Toutes les spéculations ont été mises à nu par la nomination de deux militants de ce parti. Le nouveau Chef du gouvernement M.Ahmed Ouyahia, est-il choisi en tant que premier responsable de la deuxième force politique du Parlement ou en tant que commis de l'Etat? Opposer aujourd'hui Ouyahia à Benflis relève d'une myopie trop restreinte. La majeure partie, si ce n'est plus, de l'ancienne équipe gouvernementale a été reconduite par le nouveau locataire du Palais du gouvernement. Ainsi, le souci du Premier ministre est de «rien précipiter, la ligne définie consiste à l'appel lancé pour une réelle concertation sociale et pour un dialogue sur ce qui apparaît comme fondamental pour le pays et pour l'avenir de celui-ci à travers la concrétisation des réformes engagées». Ce léger «lifting» opéré avec le départ de Benflis attire l'attention des observateurs politiques. Il s'agit en somme d'aller de l'avant pour mener à bon port le programme des réformes dont le monde du travail, du patronat ou tout simplement le citoyen attendent un coup «d'accélérateur» pour un monde meilleur. En effet, le parti FLN n'a pas été revanchard après l'élimination de son secrétaire général à la tête du gouvernement. Toutes les spéculations entendues çà et là s'avérèrent sans lendemain. Le nouveau Chef du gouvernement a même renforcé son équipe en procédant à l'intégration de deux nouvelles figures militantes du FLN. C'est ainsi que Mohamed Allalou, auparavant directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya d'Alger, a été nommé ministre dans cette même discipline. Le recours à cette personnalité, très au courant du dossier, est la preuve suffisante pour éloigner toute spéculation. Ouyahia montre par là que la gestion d'un dossier aussi délicat que celui de la jeunesse doit être confiée à un spécialiste en la matière. Le choix porté sur Allalou ne peut pas être analysé uniquement sur le plan politique, mais aussi sur les valeurs intrinsèques du gestionnaire chargé du dossier. L'autre personnalité militante du parti du FLN à laquelle M.Ouyahia a fait appel n'est autre que M.Badredine Benzioueche. Universitaire dans le domaine de l'architecture et de l'urbanisme, ce nouveau venu sur la scène politique a été désigné comme ministre délégué auprès du ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement chargé de la Ville. Ce spécialiste en la matière aura cette lourde tâche relative à nos villes, tombées en ruine. Dans cette logique, la couleur «ès-spécialités» a primé sur le politique. Malgré l'appel d'Ouyahia à ces deux spécialistes de tendance FLN, l'interprétation pour ce choix n'est qu'une spéculation de trop. Le nouveau Premier ministre a «accepté» sans condition toute forme de proposition pour mener à bien le programme des réformes. Il s'agit avant tout de gérer les affaires de la nation, de se soucier des conditions du citoyen que d'engager un bras de fer avec le FLN qui rappelons-le, est majoritaire au sein de l'Assemblée nationale. Par ailleurs, la particularité de ce nouveau gouvernement tient au fait qu'Ouyahia a mis à l'écart tous ses militants dans la constitution de son staff gouvernemental. On annonçait le retour de Harchaoui, ex-ministre des Finance mais rien ne fut. Pour les nombreux observateurs, Ouyahia doit sortir «vainqueur» dans ce pari de mettre sur les rails les chantiers des réformes en s'appuyant plus sur une équipe expérimentée, ayant déjà entamé le travail. Le retour de Harchaoui sur la scène politique actuellement sera interprété comme un «trouble-fête». Le nouveau Premier ministre a-t-il agi avec prudence ou calculs politiques? Demain, il fera jour et c'est là qu'on saura!