Les avocats de la cour d'Alger ne reviennent toujours pas sur leur décision qui consiste en le boycott de toutes leurs activités et ce, pendant cinq jours à compter d'hier. En effet, le Conseil de l'ordre des bâtonniers d'Alger, initiateur de ce mouvement, n'a aucunement l'intention de céder à la pression du moment qu'il estime que ses revendications, qui sont aussi celles de toute la corporation, sont totalement légitimes. «Nous ne faisons que plaider pour l'amélioration de nos conditions de travail qui sont intolérables et innombrables», commente M.Baghdadi, membre du conseil contacté par nos soins. Notre interlocuteur n'a pas occulté, toutefois, le fait que la décision de geler les activités a été votée à l'unanimité par 3500 avocats appartenant à la cour d'Alger. «C'est dire que toute la corporation se plaint des conditions dans lesquelles elle évolue et réclame ses droits qui sont avant tout ceux du justiciable.» Il a ajouté, par ailleurs, que le taux de suivi de ce mouvement atteint, en cette première journée, son summum puisqu'il a été estimé à plus de 90%. Les contestataires n'ont pas manqué de dénoncer «les pratiques malsaines émanant de certains magistrats et procureurs» et qui touchent au droit d'exercice des avocats. «La dégradation des relations entre les avocats et le ministère public est due au comportement de certains magistrats et greffiers qui est de nature à entraver l'exercice du droit à la défense et à porter atteinte aux droits des justiciables», soutient-on. Le parquet n'est pas resté indifférent face à cette montée au créneau des robes noires, puisqu'il s'est largement exprimé dans les colonnes d'un quotidien par la voix de son procureur général adjoint M.Djadi. Ce dernier se dit abasourdi par les allégations du président du Conseil de l'ordre des bâtonniers qui touchent directement à la réputation des magistrats et des procureurs. «Le parquet n'a, à aucun moment, entravé le bon fonctionnement de l'appareil judiciaire, encore moins harcelé les avocats», explique le procureur adjoint M.Djadi a, par ailleurs, insisté sur l'importance d'instaurer le dialogue et la concertation entre les deux parties. «Les portes du dialogue ne sont jamais fermées et nous restons disponibles à régler tout problème qui pourrait surgir.» En guise de réplique à ces propos, M.Baghdadi explique que le procureur, qui «est toujours derrière son bureau», est loin de toute réalité. «Il ne côtoie pas les salles d'audience», ajoute-t-il. Pour ce qui est de la consolidation du dialogue plaidée par le procureur, l'avocat explique que les pourparlers avec la tutelle ne se sont jamais interrompus seulement «c'est un dialogue à bâtons rompus», souligne-t-il. «Quand bien même nous auraient-ils promis de régler nos problèmes, en vain», conclut-il.