L´inculpé de non-paiement de la pension alimentaire était arrivé avec un retard de six minutes à la barre alors que Maître Houane Bouchina, son conseil, était dans la salle d´audience dès huit heures tapantes. Pourquoi Hakim a-t-il attendu pour entrer durant les six minutes, Linda Saâdeloud? La présidente du pénal de Boudouaou (cour de Boumerdès) a sauté sur l´occasion pour avertir l´inculpé via l´avocat pour qu´il régularise au plus vite ses enfants. L´ex-épouse parle d´évasion devant la justice avant que Hakim K. ne pointe le bout du nez. «Vous, inculpé, approchez. Le tribunal va se permettre de reprendre les débats qui ont débuté sans vous», dit, sans sourciller, la magistrate qui prendra acte des dix-huit mois ferme requis par l´inamovible Mohamed Allane, le procureur qui a ricané en voyant l´inculpé arriver en retard. L´avocat de l´inculpé parlera plutôt d´un retard de paiement des dommages et intérêts et donc qu´il faut aller vers le civil. Allane réplique dans le sens de la différence à tracer entre la pension alimentaire et les dommages, même si le tribunal fait du social, ce qui fera répliquer Saâdeloud que dans cette enceinte, seuls les preuves priment sur le social et donc si depuis août 2007, l´inculpé n´a rien versé à ses enfants, il y a délit. Et puis, patatras! le bébé pleure. La maman quitte la barre pour aller récupérer le bébé depuis le banc et revenir face à la juge avec l´enfant sur l´épaule: c´en était trop pour la juge. Quitter la barre sans l´autorisation du tribunal passe, mais présenter un gamin face au procureur! Mohamed: «Il ne manquait plus que cela. Un enfant dans une salle d´audience!» Saâdeloud élève le ton: «Que faites-vous? Pourquoi avoir ramené votre fils au tribunal? Allez sortez, trêve de traumatisme.» L´ex tourne les talons, sort de la salle d´audiences et revient suivre le verdict de l´affaire, craignant pour le mandat de dépôt à l´audience de l´ex-époux. Heureusement que l´ultimatum donné à Hakim, devant Fadhila, laquelle va apprendre avec surprise que la juge avait, avant de lever l´audience pour examiner les affaires jugées ce matin, ordonné au policier d´avoir à l´oeil Hakim qui a alors sué, sué. Entre-temps, l´inculpé avait pris peur, téléphoné à son frère et demandé qu´il lui ramène quatorze millions de centimes alors qu´il ne devait à ses deux enfants que la moitié de la somme. C´est dire si ce papa était près de ses enfants...Le silence qui se...«dégageait» de ses cordes vocales est allé droit vers l´adage qui dit que: «Un silence est parfois le cri le plus fort pour appeler au secours.» Et Madina n´aurait pas trouvé mieux. Linda Saâdeloud, elle, en sa qualité de juge chargée de ne rendre que justice, avait raison de sermonner l´inculpé de non-paiement de la pension alimentaire de deux enfants conçus pour être sauvagement abandonnés alors que la loi ne permet qu´un retard dans le paiement de deux petits mois. «La semaine dernière, vous aviez promis au tribunal de vous rendre chez l´huissier avec la maman de vos enfants, i-e, votre ex-épouse, établir, définitivement le calcul de ce que vous devez à vos gamins. Que s´est-il passé cette semaine?» tonne la présidente. Silence encore de Hakim. Et c´est Fadhila qui est debout aux côtés de la jeune et sympathique avocate Maître Firouz Bouguedjiani qui va expliquer qu´effectivement rendez-vous, il y avait mais «Monsieur» n´a pas jugé nécessaire de s´y rendre. Hakim ne dit rien. Il a compris le coup d´estomac de la magistrate qui ne manquera pas au vol de condamner après une courte mise en examen, Hakim à une peine de prison ferme de un an et soixante dix-mille dinars de dommages et intérêts pour le moral de l´ex via les enfants. Il est vrai aussi qu´ici, Allane, le représentant du ministère public avait effectué des demandes allant dans le sens du mandat de dépôt à l´audience. Heureusement que l´intelligence de Saâdeloud a joué, car si elle avait ordonné le mandat de dépôt à l´audience, Hakim n´aurait jamais eu l´opportunité de téléphoner à son frangin lui enjoignant de ramener le fric à la barre, que comptera le sympathique greffier Rabah Ougaret avant de remettre la somme due à Fadhila mal en point de voir la mine défaite de celui qui demeure tout de même le père de ses deux jeunes bambins qui ont joué ce mercredi comme jamais ils ne l´ont fait en 2008.