On accède en taule après un excès de vitesse qui provoque un décès... L´inculpé de dix-huit ans, inculpé d´homicide involontaire avec en prime un défaut de permis de conduire a beau jurer qu´il n´a pas fait exprès (heureusement), Samira Kirat, la juge est restée inflexible: «Vous n´aviez pas le droit de prendre le volant et tuer accidentellement un homme à Birkhadem», a sifflé la présidente de la correctionnelle qui a écouté l´inculpé narrer le sinistre. Entre-temps, la veuve de la victime était appuyée à la barre à neuf centimètres de l´inculpé qui a juré qu´il n´avait pas vu la victime surgir. «Je ne pouvais donc pas freiner et l´éviter», avait-il presque pleuré devant la veuve digne, mais blessée à mort. M´henna Ouamara, le procureur proteste lorsque l´inculpé a précisé qu´il roulait à 50km /h en doublant un autre véhicule qui avait stoppé subitement laissant la victime aller à la mort, tel que narré par la veuve qui a vu son mari être projeté à onze mètres du sol: «Je me suis précipitée. Il avait le crâne fracassé. Il a eu un râle avant de sombrer», a dit madame qui va même dépasser le mur de l´intolérable, lorsqu´elle avait malheureusement laissé échapper: «Il a fait exprès de tuer mon mari qui avait pris la précaution de regarder à gauche et à droite, avant de s´engager, la boîte à confiseries à la main». La présidente lança un oeil vif mais préféra s´abstenir, respectant le statut de victime de la veuve car, en magistrat au fait de la loi, elle aurait voulu crier à l´intention de la veuve que l´audience était celle d´un homicide, certes, mais tout à fait involontaire. D´ailleurs, Ouamara, le représentant du ministère public se lèvera lors du réquisitoire pour balancer, d´emblée, la survenue d´un regrettable accident de la circulation avant d´évoquer des mensonges crachés par le détenu: «Nous avons relevé tout à l´heure que vous aviez parlé d´accompagnement du père: ce n´était pas vrai. Ensuite, en révélant les 50km/heure, c´est faux. Vous ne pouviez pas avoir un oeil sur le compteur, pressé comme vous étiez d´arriver à la chorba de la rupture du jeûne de Ramadhan 1428 et cela est très grave car, heurter un citoyen à hauteur du marché de Birkhadem, relève d´un excès de vitesse flagrant.» Puis le procureur a soulevé cette histoire de conduite avec le gros risque de ne pas posséder de permis de conduire. «C´est triste et condamnable», a dit le parquetier qui allait requérir la peine de trois ans de prison ferme et une amende. Avant lui, les avocats ont échafaudé des plaidoiries qui glacent le sang dans les veines. Un seul pour la partie civile, Maître Saddek Chaïb, aura été égal à lui-même. Attentif d´abord durant les débats, inquiet souvent devant des réponses escamotées de son client, il aura tout le temps de redresser la situation, car de sa position privilégiée de représentant de la victime, il aura, à loisir, de jouer à fond son rôle. Kirat, fidèle à sa conduite saine inflige une peine de prison et une amende, car l´accident arrive à n´importe qui. Il faut dire en deux mots que ces histoires d´homicides et blessures involontaires ont déjà touché des magistrats, des députés et autres personnalités au volant. Et la loi est claire. Elle ne fait pas du «cadre-élite» un cas particulier. Seul le délit de fuite, la non-assistance à personne en danger et le taux élevé d´alcoolémie peuvent être des facteurs aggravants, outre cet autre horrible délit: l´excès de vitesse ou le dépassement dangereux...Maître Saddek Chaïb, pour la partie civile et toute la famille, a dit qu´il a tout tenté pour apaiser la situation, mais mes clients ne veulent rien savoir: «L´ado n´avait pas son permis en période de jeûne 1428- près d´un marché avec, en sus, une non-assistance à personne en danger. En dix secondes, une famille a été anéantie par un non-titulaire du permis de conduire, fautif, qui s´est comporté comme un adulte décidé à tuer», a déploré l´avocat qui a flétri le délit de conduite sans permis et déploré une autre fois que les assurances ne veuillent pas couvrir les dommages et intérêts et elles ont raison pour que ce procès soit un exemple surtout que cette semaine, les statistiques ont donné 4000 morts sur nos routes soit 12 décès /jour. Ouamara réclame une peine de prison ferme de trois ans et une amende de 20.000 dinars. Maître Nawel Bouhali pour l´inculpé, saura aller droit au but sans encombre. Elle déploiera tout son talent pour excuser l´inexcusable...