Les archéologues opèrant en Egypte viennent de dégager des sables du désert la 118e pyramide égyptienne, du côté de Saqqarah. Vous me direz que cela fait une belle jambe au Cairote moyen, diplômé et chômeur qui doit s´expatrier pour pouvoir vivre dignement, mais quand même c´est une satisfaction certaine pour les amateurs de pyramides et de choses antiques. C´est encore une aubaine pour le tourisme qui est la principale mamelle du pays. Mais d´où vient cette manie qu´ont les premiers Egyptiens pour construire ces coûteux édifices? De leur religion certainement, me direz-vous! Assurément, puisque les anciens potentats du coin sont considérés et se considéraient comme des dieux et se réservaient de luxueuses tombes pour mener une autre «vie» assez confortable dans l´au-delà! Tout cela évidemment au détriment du petit peuple qui sue et qui trime. La première question qui vient à l´esprit est celle-ci: mais d´où vient la richesse qui a permis à ce peuple, à ce régime de construire, au cours de quatre millénaires, de grandioses temples et de magnifiques monuments? Car si on parle de génie, on peut dire tout de suite que le peuple égyptien n´est ni plus intelligent ni plus bête que les autres peuples de la Méditerranée. Sinon, son génie aurait perduré jusqu´à nos jours. Les historiens s´accordent à dire que c´est l´existence de mines d´or dans le sud de l´Egypte qui permit d´abord la création du culte pharaonique et ensuite la montée de sa puissance. C´est ainsi que dans le fol espoir de durer éternellement, les fils du Soleil se sont mis à construire, à tour de bras, tous les édifices et monuments qui en font leur gloire. Le touriste s´extasie devant ces réalisations sans penser à toute la sueur et à tout le sang qui ont dû être versés pour faire surgir des sables ces symboles de la vanité humaine: ouvriers, artisans, esclaves, paysans ont dû payer un lourd tribut pour un tel résultat. Cependant, l´exemple égyptien n´est pas unique sur cette terre! Les Aztèques eux-aussi ont leurs vertigineuses pyramides où ils faisaient des sacrifices à leurs dieux. Que penser des temples de la cité d´Angkor Vat au Cambodge, de ces innombrables, temples qui sont actuellement «mangés» par une jungle envahissante. Que penser des énigmatiques statues de l´île de Pâques, dressées devant un océan impassible? Les historiens émettent l´hypothèse que le transport de ces statues a causé la déforestation et la ruine de cette île. Les exemples de cette folie humaine foisonnent: comment des sociétés, des régimes font le vain pari de durer en construisant des monuments ou temples qui assureront leur gloire par-delà les siècles et les siècles, sans se soucier de l´avenir ou du présent de la grande masse de la population. C´est à qui construira la plus grande église, le plus grand temple, la plus grande statue qui relèguera les réalisations antérieures à l´arrière-plan. L´exemple le plus frappant est donné par l´ancien président ivoirien qui a construit, dans son village natal, une réplique de la basilique de Rome (il a même élevé son petit village natal au rang de capitale!). Cette vanité se retrouve chez les hommes depuis l´Antiquité. Artémise II reine de Carie (Asie mineure), éleva pour son frère et époux, un tombeau de 42 m de haut: le Mausolée. Habib Bourguiba se fit construire, à Monastir, un somptueux tombeau qui abritera ses vieux os. Que retiendra l´histoire de ces souverains? Le génie ou l´énergie dépensée pour procurer un peu de bonheur à leur peuple ou les folles dépenses occasionnées par des constructions de pierres, froides et sans âme? «Vanité des vanités, tout est vanité!»