Un plan de bataille, ou course contre la montre, a été initié par le secrétaire général du parti. La réunion, à huis clos, des mouhafedhs du FLN a été une belle occasion pour le patron de ce parti de sonder sa popularité et de quêter la confirmation de sa candidature à la présidentielle de la part des responsables de wilayas de cette formation. Ce fut le cas, indiquent des sources. Ali Benflis vient donc de franchir une étape importante avant le grand challenge du congrès extraordinaire. Si les mouhafedhs, lors de cette rencontre, ont exhorté leur secrétaire général à se présenter à la course à la magistrature suprême, il n'en a pas moins été fait état de nom-breux problèmes organiques qui secouent le premier parti du pays depuis que Ali Benflis n'est plus Chef du gouvernement. C'est à l'Ouest, apprend-on aussi, que les crises seraient les plus aiguës. Cette région, fief du principal et redoutable adversaire de Benflis, constitue un test singulier et ultime pour le secrétaire général du FLN. Ce dernier, qui comptait se rendre incessamment en Kabylie, a reporté ce déplacement à une date ultérieure pour effectuer une grande tournée dans de nombreuses wilayas du pays, notamment Mostaganem et Sidi Bel Abbes. Les mouhafedhs, indique-t-on, se sont plaints de «pressions exercées sur eux de la part de militants et responsables locaux leur disputant leur légitimité et tentant de les écarter afin de les remplacer par des gens favorables au soutien à une seconde candidature du Président Bouteflika». Ali Benflis, donc, ne sera sans doute pas de trop pour tenter de circonscrire ces débuts de crise au moment où le FLN semble entrer dans une zone de turbulences importante et où deux camps sont en train de se profiler, menaçant de scinder ce parti au profit du courant islamiste, principal et redoutable adversaire du courant nationaliste représenté par le FLN et le RND. Benflis, contraint de ne laisser aucun point au hasard afin de ne plus céder une seule parcelle de terrain, a reporté son déplacement dans l'ouest du pays même s'il y a urgence. Nos sources précisent que ce report a trait au congrès du RND. Ali Benflis répondra donc favorablement à l'invitation de Ahmed Ouyahia et sera présent aujourd'hui à l'ouverture du congrès de son remplaçant à la tête du gouvernement algérien afin de couper court à toute spéculation relative à cette affaire. En revanche, Ali Benflis tente de tirer profit au maximum de l'ensemble de ses atouts. C'est pourquoi il a demandé à l'ensemble des membres de son bureau politique et ses ministres, lors d'une rencontre discrète, de sillonner, eux aussi, le terrain, afin d'user de leur pouvoir et influence pour resserrer les rangs, préparer le congrès extraordinaire et faire avancer l'option du soutien à la candidature du secrétaire général du FLN. Sur un autre plan, organique celui-là, de nombreux responsables institutionnels, dont des députés et un ministre, seraient traduits en commission de discipline dès le début de la semaine prochaine. Leur radiation des rangs du parti ne fait presque pas de doute. Mais l'effet d'entraînement risque de faire tache d'huile alors que Benflis est encore loin d'avoir dépassé la zone de turbulences...