Deux Annabis de Sidi Salem sont dans de beaux draps. Ils ont corrigé un Tablati qui ne veut pas pardonner. Amirouche était là! La victime de coups et blessures volontaires désigne les deux détenus comme étant ses agresseurs. Elle ignore avec quoi ils l´ont massacrée. Quarante jours d´incapacité de travail sont ses «alliés» du jour. Maître Ahmed Tarek Kheidri est l´avocat de Rachid M., ce Annabi à l´accent cher à Baba Ali Attoui, qui se défend de l´avoir frappé avec ses poings. «C´est une rixe». Bouamrane, le second détenu, Annabi, lui aussi, «justifie» la légitime défense. Détenteurs de tables à tabac, les deux inculpés nient l´usage d´arme blanche. L´unique témoin va devoir en principe aider Nadia Amirouche, la juge du mardi. Son témoignage va être catastrophique pour les deux confrères. Amirouche sait à quoi s´en tenir. Il désigne même Rachid, le client de Maître Kheidri comme ayant touché la victime à l´oeil. Maître Tarek Gharbi se lève spontanément et effectue les demandes en dommage, allant jusqu´à ne pas saisir au vol, un peu avant, le fait de courir derrière ce témoin qui n´en est pas un mais plutôt un participant à la rixe. Amirouche, elle, n´a pas quitté des yeux les PV. Maître Kheidri se dit triste, passant du côté provocateur de la victime et surtout ce statut de témoin d´un participant à la rixe. Puis il se pose la question sur la valeur du certificat médical et l´exagération du nombre de jours pour un seul coup à l´oeil. Enfin, l´avocat demande les circonstances atténuantes pour le premier et la relaxe pour le second. Et puis, il y a eu deux éclairs de l´avocat de Garidi: le premier aura été son insistance, en tant que professionnel auprès de cette sacrée Amirouche, jamais perturbée, de la requalification du délit de coups et blessures volontaires ayant entraîné un arrêt de travail de quarante jours, ce qui est en soi une grosse tuile en rixe, dont la peine éclair a eu lieu au moment où Maître Kheidri avait poliment protesté envers le tribunal pour ce témoin qui est plutôt à poursuivre. Et en effectuant cette inattendue demande, il aurait voulu sauter au cou de la représentante du ministère public pour la supplier de jouer son redoutable rôle de championne de l´opportunité des poursuites en justement poursuivant maintenant, depuis le pupitre du parquet, ce pseudo-témoin venu non pas pour éclairer ce tribunal mais le pousser à sombrer «codes et biens», voire corps et biens! Amirouche, cette présidente qui évolue dans la clarté décide sur le siège de condamner les deux coupables de coups et blessures sur la base des termes de l´article 364 du Code pénal qui évoque une peine de prison de un à cinq ans et d´une amende de cent mille à cinq cent mille dinars, quiconque, volontairement, cause des blessures ou porte des coups à autrui... s´il résulte de cette situation une incapacité de travail de plus de quinze jours. Ici, il s´agit de quarante jours! Avec une blessure à un oeil! Tous les plus grands plaideurs ne pourront obtenir le minimum avec la plus grande indulgence de nos magistrats. Et nul ne peut prouver que Nadia Amirouche est une machine à distribuer des peines. Et pourtant, les deux ans ferme étaient bien pesés lors de la courte mise en examen de l´affaire.