C'est un discours de combat qu'ont eu à écouter les congressistes. Au terme d'une journée pleine, le congrès du RND a accouché, sans surprises de son Secrétaire général. Ahmed Ouyahia a donc succédé à lui-même à la tête d'une des formations politiques les plus controversées de la scène nationale. Au plan organique, l'on retiendra la suppression définitive du poste de président du parti statutairement prévu lors de son premier congrès. Le nouveau Chef du gouvernement, qui, soit dit en passant, a présidé lui-même le bureau du congrès, est sorti grand vainqueur d'une arène sans adversaire. D'ailleurs, tout au long du congrès, l'on n'a senti aucune espèce de tractation de coulisses ou autres signes indiquant une quelconque fausse note au sein de la machine RND. Mieux, les grosses pointures du parti, à l'image de Abdelkader Bensalah, Yahia Guidoum et Mohamed Aziz Derouaz, pour ne citer que ceux-là, adoptaient jeudi dernier un air serein et tenaient à respecter scrupuleusement le règlement intérieur qui interdit toute déclaration au sujet des travaux du congrès. Faire des pronostics sur l'issue de cette kermesse politique provoquait, on s'en doute, le sourire des cadres comme des plus jeunes délégués interrogés. Cela dit, un congrès ce n'est pas seulement l'élection du premier responsable du parti, c'est aussi l'occasion d'annoncer les priorités du RND, plus que jamais sur le devant de la scène politique nationale. A ce propos, l'intervention inaugurale d'Ouyahia donne le ton. C'est un discours de combat qu'ont eu à écouter les congressistes. «Si l'Algérie est encore novembriste, démocratique et républicaine, c'est (...) le fruit de luttes, de deuils, de résistance héroïque de cette nation algérienne plusieurs fois millénaire à laquelle nous sommes tous fiers d'appartenir», précise d'entrée de jeu l'orateur qui ne manque pas de rendre hommage à tous les «martyrs du devoir national», en n'oubliant aucun corps de sécurité, tout en rendant un hommage appuyé à Zidane El-Makhfi, grand patriote et membre fondateur du RND. Un discours, donc, largement tourné vers les épisodes de la lutte antiterroriste, où les figures emblématiques de cette période reviennent dans la bouche du Secrétaire général du parti, à l'image de Abdelhak Benhamouda. Plus encore, Ouyahia en appelle à la classe politique nationale, de la manière la plus solennelle, à la mise en place d'un vaste front national contre le terrorisme, une initiative quelque peu surprenante, dont de nombreux délégués avouent n'avoir pas débattu dans les structures du parti. Ouyahia ne s'étalera pas sur la question, mais il est probable que dans un futur proche une ébauche de ce mouvement pourrait voir le jour, d'autant que les victimes du terrorisme ont figuré parmi les invités d'honneur du congrès. Cela étant, Ouyahia ne perd pas de vue les défis actuels et assène que «le redressement national demeure aussi fragile qu'inachevé». Un parachèvement qui passe nécessairement par l'insertion de l'Algérie dans la mondialisation à en croire Ahmed Ouyahia qui, au nom de sa formation, salue «la conclusion de l'accord d'association entre notre pays et l'Union européenne (et) l'adhésion incontournable de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce». Au plan politique, autant le n°1 du RND a tenté de s'attirer la sympathie des ârchs, en adressant «l'expression de (sa) solidarité et de (son) affection aux familles des victimes décédées dans cette crise», autant il condamne «les thèses irresponsables et politiciennes qui veulent instrumentaliser un mouvement revendicatif», allusion, sans doute au MAK, dont les thèses sont «dénoncées par les ârchs eux-mêmes que nous saluons pour cette position patriotique». Mais avant de reconnaître le caractère revendicatif des ârchs, l'orateur a eu des mots très durs en direction des islamistes de tout bord. «Nous serons toujours sur le chemin de ceux qui commettent le crime de réduire l'Islam, religion universelle, à un alibi de violence, de ceux qui commettent le crime de réduire cette religion envoyée à l'humanité en programme partisan et ceux qui tentent de transformer la mosquée, maison de Dieu, en foyer d'agitation et de subversion», insiste-t-il. Enfin, Ouyahia a abordé la question socio-économique en invitant les présents à faire preuve de réalisme et à abandonner les slogans creux qui «reflètent la fuite du débat nécessaire», à l'en croire. L'occasion pour le chef de file du RND d'annoncer le caractère incontournable de l'ouverture économique enclenchée par le premier gouvernement qu'il a présidé. L'occasion aussi d'appeler à un débat national sur lesdites réformes.