«Pour certains journalistes, l´humour est une langue étrangère. Ils ont besoin de sous-titres.» Guy Bedos. Extrait de Le journal du Dimanche - 1995 La victoire de l´EN devant la Zambie a été plus qu´une victoire de l´Equipe algérienne, au point où dans la rue on défilait en famille: filles, garçons et parents. D´habitude ce sont les jeunes qui laissaient exploser leur joie, en extériorisant leurs angoisses et leurs frustrations. L´ étonnant est que ces deux victoires successives et importantes, d´ailleurs pour le moral de l´EN et la bonne santé du football national, ont été récupérées par le JT de 20h. Un journal télévisé qui est considéré à la fois comme la tribune officielle et les gradins où s´identifient tous les Algériens. En plus d´être la messe des politiques algériens, le JT est devenu malgré sa rhétorique, le programme le plus regardé de la Télévision algérienne. Or, lors de la rencontre entre le présentateur du Journal télévisé et l´entraîneur national, on s´est rendu compte du fossé qui existe entre Karim Boussalem et Rabah Saâdane. Le cheikh est une personne très sensible, très timide, même communicatif. On l´a senti très crispé lors de son passage sur le plateau de Karim Boussalem. Ce dernier a usé de la langue de bois, de la Fossha, alors que la langue du football est la derdja, ou une fusion entre la Derdja et la Fossha. Karim Boussalem a interviewé Saâdane comme on interroge un chercheur en linguistique arabe, un docteur en recherche opérationnelle, ou un écrivain en littérature arabe. Saâdane répondait avec gentillesse avec des mots justes et vrais, tout en évitant d´écorcher cette langue pointue qu´il a été forcé d´utiliser. Karim Boussalem n´a pas pris conscience de la popularité de son invité. Il n´était pas obligé de parler fossha pour faire plaisir à quelqu´un....On est algérien, on s´adresse avant tout aux Algériens. Le Journal télévisé n´est pas un produit qu´on va vendre aux Egyptiens ou aux Syriens. C´est un produit local qui s´exprime en arabe certes, mais on n´est pas obligé de s´exprimer en arabe classique pour se faire comprendre. Chaâbane Merzkane l´a bien compris lors de son passage devant Karim Boussalem après la victoire devant l´Egypte. Le héros de Gijon est resté lui-même, en parlant à la fois en arabe classique, derja et parfois en glissant des mots en français. Karim Boussalem ne gagnerait-il pas à être plus décontracté, comme le fait souvent Farida Belkassem ou Soraya Bouamama dans son forum ou encore Kamel Allouani, à l´époque. Karim Boussalem ne doit pas oublier qu´il est un visage familier pour tous les Algériens. Même quand il est passé sur Saraharaha, il ne s´est pas détaché de son personnage de présentateur du JT. Peut-être qu´il voulait plus faire plaisir à ses supérieurs qu´au public qui le découvre hors service. La présentation du Journal est un métier mais la personnalité du journaliste fait toute la différence et surtout son succès. [email protected]