Dans son premier discours, il est surtout revenu sur les grandes lignes du programme du parti. Le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, ne donne pas l'impression d'un Chef du gouvernement qui serait revenu à de meilleurs sentiments après une brouille avec le Président de la République qui lui aura valu son poste. C'est du moins ce que laisse penser son discours prononcé, hier, à Annaba, à l'occasion de la tenue d'une journée d'étude des élus locaux de l'Est. Pour sa première sortie publique depuis son départ de la chefferie du gouvernement, Ali Benflis a réitéré les choix de son parti et sa détermination à suivre la voie tracée par le 8e congrès du parti. Le millier d'élus venus de 9 wilayas de l'est du pays écouter, surtout, leur chef au lendemain de son éviction, attendaient beaucoup du discours qu'il allait prononcer. Aussi les spéculations furent-elles nombreuses. Les uns attendaient des révélations fracassantes sur les fameuses tractations sur le deal qu'on lui a proposé, les autres pariaient sur une déclaration de guerre. Comme à son habitude, serein et réservé, le chef de file du parti majoritaire a laissé nombre d'entre eux sur leur faim. Il n'en demeure pas moins cependant que son ou plutôt ses deux discours ont confirmé la position du parti quant à son indépendance et la position de son Secrétaire général à se défendre où à se battre. En effet, Ali Benflis a prononcé deux discours. L'un écrit, et de circonstance, destiné essentiellement aux élus, dans le cadre de la rencontre. L'autre, «improvisé» que la salle attendait avec impatience, tout comme, d'ailleurs, son arrivée à la salle du TNA Azzedine-Medjoubi avec plus de deux heures de retard. Dans son premier discours, Benflis est surtout revenu sur les grandes lignes du programme du FLN adopté à la faveur du 8e congrès du parti. Un programme qui se veut un véritable projet de société où la citoyenneté est promue, la dignité de la femme respectée, la jeunesse réconciliée avec la société, la justice indépendante, la presse soutenue dans son combat pour la liberté d'expression, etc. En fait, ce sont les choix du congrès qui font également sien le combat pour une bonne gouvernance, explique-t-il. Tous ces «combats» sont ceux d'un FLN moderne, avec un projet de société et maître de ses décisions, «au service de l'Algérie et de l'Algérie seulement», tiendra à rappeler Benflis. C'est cette même détermination qu'affichera, encore une fois, l'ex-Chef du gouvernement dans son discours n°2, «improvisé», entendre par là non écrit. Pour Benflis, le FLN ne peut être que «la locomotive de l'Algérie». Et ce FLN, «qui est la propriété de ses militants, est un parti qui n'est pas aux ordres, qui ne s'incline pas devant les injonctions». Rappelant les phases difficiles par lesquelles est passé le pays, Ali Benflis fera remarquer que les vrais militants ont toujours été là. Il dira dans le même contexte que nous sommes en 2003 et que c'est là une autre étape de l'histoire de l'Algérie, dont la population compte 60 % de jeunes ayant moins de 35 ans. La fidelité à Novembre 54 étant toujours de rigueur, il n'en demeure pas moins que le message a, cependant, changé, a encore lancé Benflis, avant d'ajouter en direction de la salle: «Demandez à Ammar Benaouda, il vous le confirmera.» Devant une salle totalement acquise, il exhortera les militants qui lui ont réservé un accueil des plus chaleureux à être vigilants et à serrer les rangs. «L'heure n'est pas aux sentiments, ni à regarder derrière, c'est à l'avenir qu'il faut penser», expliquera-t-il. C'est avec un passage de Moufdi Zakaria - où il est, en substance, question de «revanche» - que Benflis termine son discours. De quel avenir a-t-il voulu parler? Celui des générations futures, ou celui que l'on devine très proche? Répondant à cette question et sur la teneur du discours qu'il allait prononcer quelques instants auparavant, l'un de ses proches fera cette remarque: «Lorsqu'on arrive à un tel rang (celui de Chef du gouvernement) on ne renonce pas aussi facilement à ses ambitions.»