L´inculpé donne des détails précis. La PJ intervient avec célérité et démantèle une bande à l´ouest d´Alger, permettant ainsi à la justice de jouer sereinement à la barre. Le client de Maître Rida Barkkat, le délégué du bâtonnier, était sur un nuage blanc lorsqu´il a vu la mine réjouie de son avocat qui avait brillamment plaidé en faveur d´un inculpé de faux et usage de faux. Suivez ce qui suit: l´inculpé avait donné une description précise de celui qui lui avait remis un faux permis de conduire, objet des poursuites. L´inculpé avait si bien décrit l´énergumène faussaire que les gars de la Dgsn ont fait preuve de célérité et sont arrivés à démanteler une bande spécialisée dans le faux à l´Ouest et récupérer un matériel impressionnant. Ainsi, pour Maître Rida Bekkat, son client devait bénéficier de très larges circonstances atténuantes pour service rendu à la justice et même si c´est un récidiviste. Maître Nacéra Hettak-Bouali pour le taxi-driver, lequel n´a commis qu´un seul délit: le lien de parenté avec l´inculpé principal. C´est un père de famille, un vieux taxi-driver qui ne pouvait pas tomber dans le faux en 2009. Il a joué à l´intermédiaire, au facteur. Ne sachant pas lire, il a reçu un extrait de naissance et dix photos pour les remettre à Menetti Ali, lequel ne savait même pas de quoi il s´agissait. Qu´a gagné le pauvre vieux? Des jours de détention préventive. C´est ce qui est arrivé aux autres inculpés tombés dans la bêtise par la faute de l´ignorance. Pour Menetti Ali, Maître Amokrane a plaidé dans le même sens que Maître Hettak-Bouali qui avait fait et dit l´essentiel pour les deux détenus. Elle ne cherche pas à agacer Yamina, cette juge au rôle chargé. Le troisième défenseur proteste tout de go contre le fait de poursuivre son client, victime d´une machination dans laquelle il n´était pas cité, ni visé. S´en prenant aux enquêteurs, l´avocat tombe sur le labo de la PJ.: «Quel jet d´encre est une preuve?», a dit le défenseur qui s´est élevé contre les déclarations faites par un inculpé à l´encontre d´un autre inculpé. La loi l´interdit et le conseil le rappelle vivement à la présidente. S´étendant sur les faits, il revient sur l´absence de la désignation d´un expert: «Où est passé le rapport d´expertise parvenu d´Azazga? A moins qu´on ait barré Azazga et retranscrit Chéraga pour faire vrai. Et là, cela devient un faux!», a encore crié l´avocat qui se dit contre le principe de «juge et partie» avant de réclamer la relaxe même au bénéfice du doute. Maître Rida Bekkat pour l´inculpé principal, avait rappelé à madame la présidente attentive, que, durant la période de la mise en examen du dossier, la police est venue l´informer que grâce à un certain citoyen Mohamed D., une véritable bande venait d´être mise hors d´état de nuire. «Mon client a eu peur. Menacé, il a fait tout son possible pour avoir un autre PC rien que pour éviter la mort.», a conclu l´avocat de Chéraga, dont la compétence est à mettre sous les feux de la rampe. Maître Baya Kerrar pour Mohameds D., a tenu à dire deux mots autour de toutes les circonstances atténuantes, et souligne qu´elle est solidaire de son aîné, Maître Rida Bekkat, abjure le tribunal de bien examiner les faits et de rendre un verdict en droite ligne avec les faits. La présidente grimace, rouvre la chemise une énième fois comme pour y dégoter une énième question menant à la vérité. Elle renonce visiblement et passe à l´ultime étape des débats. Les prévenus prononcent l´obligatoire traditionnel dernier mot avant de prendre acte de la mise en examen de l´affaire qui sent réellement un redoutable coup de reins de la police judiciaire dont les éléments, en constante progression à Chéraga surtout, bossent comme ou plus que des bûcherons du XIXe siècle et allègent ainsi le boulot des Moussa Mounsi, Madani et autres Zaïm. Boumadani Amara, leur chef sur le qui-vive.