«Il n´est bon festival sans scandale.» André Bazin "Extrait de la revue Les Cahiers du cinéma - 1953" Dans le monde arabe et en Afrique, le meilleur festival de cinéma ce n´est pas Dubai, Le Caire, ou Carthage, mais bien le Fifm (Festival international du Film de Marrakech). C´est un festival où se mélangent le showbiz, le star-système et le cinéma d´outre-mer. Un espace où on trouve les stars de Hollywood, les films de qualité venus de l´Est et les producteurs de l´Hexagone. Mais cette notoriété a un prix: la colonisation cinématographique. Le festival a été lancé il y a 9 ans par Daniel Toscan du Plantier, le président d´UNI France, puis repris par son épouse Melita après son décès puis placé sous le patronage du roi Mohammed VI et piloté par son frère Moulay Rachid. Le Fifm a gagné en notoriété et offre surtout une grande et belle image du Maroc. Un pays touristiquement adéquat pour les stars de cinémas venues des quatre coins de la planète. Présidé cette année par le cinéaste iranien Abbas Kiarostami (récompensé par une Palme d´or au Festival de Cannes en 1997 pour Le Goût de la cerise). Quinze films de quinze nationalités différentes sont présentés en compétition, qu´il s´agisse de Qu´un seul tienne et les autres suivront, de Léa Fehner, pour la France, à The Good Heart, de Dagur Kari, pour les Etats-Unis, en passant par Héliopolis, d´Ahmad Abdallah, pour l´Egypte. Le Fifm a tout de même un défaut majeur; il exclut les créateurs maghrébins et surtout marocains. Contrairement aux Français qui, à Cannes placent toujours quatre films français en compétition pour faire face à l´hégémonie des Américains et autres pays européens, le Fifm, exclut toutes les productions marocaines. Pour calmer la colère des cinéastes marocains dont certains sont excellents, ils les placent dans le Festival du Film national de Tanger, qui se situe souvent quelques jours avant ou après Marrakech. Cette année, la 11e édition du Festival national du film (FNF), sera organisé du 23 au 30 janvier, a indiqué un communiqué du Centre marocain du cinéma, dirigé par l´inamovible Noureddine Sai. Proche du Palais royal, ce dernier a débuté sa carrière en mars 1984 à la Télévision marocaine (TVM) en qualité de directeur des programmes, avant de rejoindre la deuxième chaîne 2M, comme conseiller, puis quelque temps plus tard le groupe Canal+, où il a été nommé directeur des achats de programmes à Canal+ Horizon et, depuis novembre 1999, directeur général chargé des programmes et de l´antenne dans cette chaîne. Devenu directeur du CMC (Centre marocain du cinéma), une sorte de CNC marocain, c´est lui qui distribue les budgets aux cinéastes marocains. Si par malheur, un réalisateur ose critiquer le Fifm, il sera exclu de toute aide du CMC, autrement dit, il ne fera aucun film dans sa vie. Le festival de Marrakech est plus une opportunité pour les affaires qu´un festival de cinéma. C´est ainsi que sont venus au Festival de Marrakech Leonardo Di Caprio, Martin Scorsese, Ridley Scott, ou encore Kate Winslet qui avait tourné son film au Maroc après le succès planétaire du Titanic. Le Festival international du Film de Marrakech, est avant tout une industrie de film, où les producteurs européens et américains et britanniques négocient autour d´un tajine, de serviteurs aguerris et de danseuses du ventre, leurs futures productions. Le Festival international du Film de Marrakech, est plus une entreprise de tourisme et une maison de production qu´un festival de film où on découvre le cinéma des autres. Le cinéma marocain et surtout maghrébin, peut attendre, car c´est le dernier des soucis de Sa Majesté. [email protected]