Pour le commun des justiciables, le flic est un ogre. Pour le commissaire, le juge est, lui... Grondant avec beaucoup de rigueur, un commissaire de police prévenu de corruption, relaxé par le tribunal mais est revenu suite à l´appel. Menouar Antar, le juge de Blida, a lancé: «Ne dites surtout pas à la chambre pénale que vous aviez signé le PV sans avoir lu», s´est exclamé à deux reprises le président qui a regretté qu´un officier de police soit tombé dans la facilité du gain facile et se comporte à la barre, tout prévenu qu´il est, comme s´il se trouvait dans son bureau au commissariat. «Des collègues à vous, des officiers de police se sont présentés chez vous, ont procédé à une perquisition en règle et vous trouvez à redire», a encore dit le magistrat qui aura trente secondes pour suivre la version du commissaire mis en cause: «C´est un agent qui a eu affaire à ce Monsieur. Je n´ai rien à voir dans cette affaire», a souligné le prévenu. Le témoin, l´unique, affirme avoir vu la remise de la somme «offerte» au patron des lieux. Le commissaire perd son sang-froid. Il murmure à l´injustice. Menouar Antar, le président siffle: «Ah bon! vous êtes victime maintenant? Attention, il y a le box si l´outrage continue» menace le juge, en tentant de maîtriser un éventuel élan légitime. Ce juge qui revient au commissaire qui a crié une énième fois que s´il avait signé le PV, c´est par confiance simplement. «Je n´ai jamais pensé que cela pouvait m´arriver. Je suis très en colère. Je n´ai pas l´intention d´outrager qui que ce soit. Il fallait assister à la scène de la perquisition, ma famille en pleurs, mes enfants désemparés...» «Mais alors d´où proviennent vos problèmes? Vos collègues n´ont rien trouvé chez vous. Ecoutez ce que vous aviez déclaré: Lors de la fouille, il y avait une liasse de billets. Pourquoi je l´ai laissée sur le bureau du chef de sûreté de wilaya? J´étais perturbé...», récite le président de chambre qui s´accroche à sa stupéfaction qu´un commissaire de police en exercice, signe un document officiel sans prendre la précaution de lire comme il faut. Maître Djamel Boulfrad est le premier avocat à plaider en faveur de Rezki B., le prévenu: «Il est souvent plus facile de plaider aisément en faveur d´un inculpé dont les faits sont avérés mais plus difficile pour celui qui nie et n´a rien à voir avec une affaire donnée», dit d´emblée le défenseur qui mettra alors le doigt sur l´axe principal de sa plaidoirie. L´avocat ne laissera pratiquement plus rien à ajouter aux deux confrères, Maître Chabi Benouaret et Maître M.Farouk Ksentini qui vont, eux se limiter à rappeler aux juges que «le commissaire a fait l´objet d´un jet d´une peau de banane avec cette histoire d´une prise d´une photo avec le portable lors de la remise d´argent et c´est tout dire», lancera Maître Benouaret qui reviendra sur cette histoire d´attribution de logement de fonction à libérer pour des besoins mesquins: «Et dire qu´il y a des individus qui ne sont pas des commis de l´Etat qui bénéficient d´un logement», a encore ajouté le défenseur qui répètera que la relaxe de Rezki, le commissaire, est amplement méritée. Plaidant en dernier, Maître Ksentini va se limiter lui aussi à un rappel: «Salir un haut fonctionnaire avec la ridicule somme de mille cinq cents pas dollars, non dinars. Oui, le ridicule tue avec une campagne d´une certaine presse prête à lyncher les gens avant même leur jugement», a jeté d´une voix presque inaudible le dernier intervenant, peiné, qui a aussi évoqué «un gros traquenard qui n´aura servi à rien, sinon à relaxer Rezki», marmonne-t-il. Enfin, l´ancien bâtonnier tire la sonnette d´alarme pour ce qui est du combat à livrer contre ceux qui salissent l´honneur des citoyens. «J´ai toujours milité pour une justice qui va de l´avant, pas celle qui recule», a conclu Maître Mustapha Farouk Ksentini qui a estimé, à l´issue de l´audience, que le trio de défenseurs a dû certainement toucher les trois juges de la quatrième chambre correctionnelle et donc la relaxe de Rezki B. sera confirmée et son honneur sali retrouvé. Le verdict sera annoncé une semaine plus tard et verra Bougoufa être relaxé définiti-vement. Alors que Maître Boulfrad bombe le torse, Maître Benouaret joue au «paon», Maître Ksnetini, lui ne dit pas grand-chose estimant qu´une relaxe n´a rien d´extraordinaire car le dossier était vide et donc...