La mérite d'un juge du siège est la capacité d'écoute. Le président de la section correctionnelle de Blida a eu le privilège de le faire et est arrivé peut-être à sauver un jeune de la dure épreuve d'une audience dont le résultat ne peut être que la relaxe prononcée en juillet 2008, le 12 exactement, journée du pénal présidée par un... remplaçant qui a dû s'occuper de cette histoire d'une motocyclette volée et dont on n'a jamais revu le propriétaire, normalement victime. Et une victime de vol qui ne répond pas à une convocation de la justice doit avoir deux statuts : ou bien il se désiste de ses droits ou bien «makanch menha» et ici la justice la plus moderne n'y peut rien... Le détenu poursuivi pour vol était ravi de ne pas trouver la victime à la barre. Mais le président du pénal du dimanche du tribunal de Blida veut vite arriver à la confirmation des propos graves sur le PV du magistrat instructeur. «Venez lire. C'est votre signature ? Vous connaissiez la victime ? Comment aviez-vous procédé pour voler la motocyclette ? Alors, on y va ?», balance sur un rythme endiablé le juge. D'ailleurs, ce dernier a dit son amertume de revoir cet inculpé déjà jugé et condamné pour vol de... motocyclette ! «Donnez-moi un délai pour que je vous ramène la preuve que j'ai déjà été jugé et condamné pour cette affaire», supplie le détenu. «Ah ! non, proteste Ouriachi. Le tribunal a déjà renvoyé le procès à deux reprises. Il n'attendra plus longtemps.» Le juge prend le temps et la liberté de relire de larges passages du PV d'audition confectionné autour du vol de la moto appartenant à Mohamed Ouael. «Je relis : oui, je reconnais avoir volé ce monsieur. Actuellement, je suis en détention pour une autre affaire. Mais pour le vol de ce mois de juin, j'ai écopé de six mois ferme et j'ai payé ma faute le 12 juillet 2008.» Stoppant la lecture, Ouriachi réfléchit deux minutes et décide de renvoyer encore une fois les débats pour une semaine, le temps que l'on ramène le fameux jugement où il y est transcrit noir sur blanc que ce vol était imaginaire, et par conséquence la relaxe avait été accordée en juillet 2008 par un juge du siège qui remplaçait sa collègue en congé annuel. Et ici, il convient de signaler que ce genre de ratés intervient souvent entre le greffe, le parquet et le juge du siège qui signe les jugements et ses attendus. Même si cela arrive à Blida «court number one of country», les désagréments qu'aura connus cet inculpé, déjà jugé, relaxé puis reconvoqué, réentendu autour d'un vol d'un deux-roues dont on n'a jamais vu la victime. Oui, toute victime d'un vol d'une motocyclette ne peut renoncer facilement à quelques milliers de dinars, et les demandes de réparations à titre de dommages et intérêts seuls peuvent être le catalyseur d'une présence bruyante et par-dessus tout gênante pour... l'inculpé lequel, dans cette affaire, s'en est sorti blanc, aussi blanc qu'une feuille 21x27 déposée sur le desk... Nous ne terminerons pas ce compte rendu d'audience sans saluer le président et le jeune représentant du ministère public.