Un jeune ramassé dans une artère d´El Harrach, du côté de PLM (Patrimoine à loyer modéré), nie avoir sniffé! Maître Benouadah Lamouri est certainement un digne fils de zaouïa. Il doit l´être car il lui arrive de tirer du bourbier de drôles d´inculpés mouillés jusqu´aux os. A la cour d´Alger, devant le trio Boualem Bekri, Tayeb Hellali et Abdenour Amrani, des magistrats à qui on ne la joue jamais, l´avocat de Dar El Beïda avait entamé le procès sur les chapeaux de roues en introduisant des questions préjudicielles que Bekri, le président de chambre, avait joint au fond. Qu´importe! L´avocat était décidé à arracher le même verdict (relaxe) du tribunal qui a considéré que la came trouvée sur le sol, à proximité de son client inculpé, écroué, ayant goûté à la détention préventive pour être entendu à El Harrach et être relaxé faute de preuves. Et c´est sur «ça» que le défenseur allait pianoter estimant à haute voix qu´il s´agit de la liberté de gens et que nul n´est censé ignorer la loi. Et ce genre de bévues n´est heureusement pas répandu! En effet, Abdelaâli F., vingt-cinq ans, était assis sur une grosse pierre, tirant sur une «blonde» à filtre lorsqu´une patrouille de police avait surgi au coin de la rue. Et à ce moment-là, les huit jeunes qui se trouvaient dans les parages, avaient pris leurs jambes à leur cou, laissant sur place, le pauvre Abdelaâli sans voix, jusqu´au moment où deux mains vigoureuses le prirent par les épaules et le poussèrent dans la voiture-radio faisant fonction de panier à salade. L´inculpation est vite établie: détention et usage de drogue! L´arme du crime: un joint encore fumant et une «boulette de cannabis traité» coincée dans un trou du mur situé à vingt-huit pas du lieu de repos du détenu. Et tous ces éléments en possession de Maître Lamouri deviennent de redoutables arguments agréablement maniés par cet extraordinaire procédurier comme aime à le nommer sa cadette, Maître Ouahiba Dehidah, cette charmante et belle avocate qui ne dit jamais quelque chose avec complaisance. Bekri le président, aussi, a beaucoup d´estime pour le plaideur et jamais, au grand jamais, il n´a eu à faire de remarques à l´avocat contrairement à beaucoup d´autres qui ne connaissent pas leurs limites. Qu´est-ce que c´est que cette histoire, prévenu? balance d´emblée le magistrat en superforme comme tous les lundis qu´Allah créé. Le jeune prévenu lève la tête et s´était avisé de jurer car il avait assisté quelques minutes auparavant à une envolée de Boualem Bekri qui n´avait pas accepté qu´un justiciable demande à son adversaire de jurer et de partir avec la dette supposée. «Attention. Celui qui veut prêter serment se dirige vers la mosquée. Ici, seules les preuves parlent!» Et ce sont ces mots pleins qui ont retenu Abdelaâli qui, au lieu de jurer par Allah inutilement, expliqua qu´il était assis dans la ruelle qui donne sur un coin isolé livré à tous les maux et même s´il savait où il se trouvait, il a assuré aux trois juges qu´il se maîtrisait et en guise de vices, il n´avait que le tabac. «Oui, M.le président, mon client est innocent et a subi de grosses frayeurs lors de son interpellation, d´autant plus qu´il n´a jamais mis les pieds dans un commissariat ou une brigade, car sa conduite est irréparable», s´était écrié Maître Lamouri qui a considéré «injuste» les poursuites et réclamé avec force la relaxe: «La relaxe doit être reconduite par la force de la loi» avait conclu le défenseur qui ne sera pas déçu par la mise en examen du dossier, faisant confiance à Bekri et son «duo de feu.» Et il n´y a que cet intenable avocat qui a eu la chance d´apprendre aux côtés de géants tels les défunts Maître Kateb, Maître Khellilli, Maître Zeguib, Maître Taïr, Maître Houcine Tayebi, Maître Mouloud Atek, les bâtonniers, Ahmed Abbèche, Tayeb Belloula, Mohand Arezki Ablaoui, Maître Abderazak Chaoui et même Maître Brahimi, et autres Maître Mériem Belmihoub Zerdani de se laisser surtout que son client a eu la relaxe définitive. Et l´appel du parquet n´a pu tremper le «gosse» dans la condamnation.