Maître Lamouri est allergique aux...chèques. Pas les chèques d´Arabie, mais ceux remis à titre de garantie, proscrits par la loi! Encore une fois, un avocat de renom dans l´Algérois, a mis à nu les incohérences des termes de l´article 374 du Code pénal qui est clair, et sans ambiguïté. Et cet avocat de renom n´est autre que le remuant et efficace, Maître Lamouri. Jugeant catastrophique la position du juge d´instruction, le défenseur de Dar El Beïda a vu utile et nécessaire de rappeler, avec la permission de Mme la présidente de la section correctionnelle, les contradictions des termes de l´alinéa 1, du «2» et du «3». Il s´écrie sans prudence, mais avec beaucoup d´audace: «Madame la présidente, je ne crois pas me tromper en vous disant toute ma colère de constater que ce Monsieur est victime dans cette transaction. Effectivement, ajoute le conseil, si mon client est responsable d´émission de chèque sans provision, c´est que l´adversaire aussi l´est. Ce n´est pas une victime.» Et là, Maître Benouadah Lamouri entre dans le vif du sujet en expliquant que la loi est claire. Le magistrat doit obéir. «Et que prévoit la loi, Madame la présidente?», balance le conseil en fixant la procureure qui faisait tout pour ne pas sombrer devant les arguments fracassants de Maître Lamouri. Ce dernier va alors passer trois longues minutes qui sembleront être des heures à tourner autour du pot nommé «quiconque». Pour le défenseur, la loi dispose que «quiconque, en connaissance de cause, (alinéa 2) quiconque de mauvaise foi (alinéa 1) émet un chèque accepte ou endosse un chèque à la condition qu´il ne soit pas encaissé immédiatement, donc à titre de garantie, est puni par cette même loi.» La présidente veut effectuer une mise au point. Elle ne veut pas piétiner les procédures et va alors laisser place à la représentante du ministère public qui abordera le côté commercial de la chose: «On nous a dit au tout début des débats que l´inculpé d´émission de chèque sans provision et la victime travaillaient depuis longtemps ensemble. Il y avait, d´un côté de la marchandise embarquée et la remise ´´cash´´ de chèque. Pourquoi cette fois, le chèque était-il sans provision?» avait marmonné la parquetière qui sera vite désarçonnée par Maître Lamouri. «Nous avons une lettre de la banque qu´à la date de la remise du chèque, les provisions y étaient et Dieu bénisse, en quantité suffisante. Pourquoi la pseudo-victime n´avait-elle pas retiré à temps son fric?» Un silence pesant planait dans la salle d´audience lorsque la présidente mit son grain de sel. «Maître, le tribunal désire parcourir cette lettre et...» «Nous l´avons dans le coffre-fort de l´unité. Nous n´avons pas voulu prendre de risques inutilement. Et puisque ce document vous est probablement utile, nous demandons un délai d´une semaine pour vous le ramener.» «O.-k., Maître, que cela soit écrit et enregistré!» dit la joviale présidente qui s´était adressée à sa jolie greffière qui voulait probablement crier «hourra!» pour cette délivrance, car elle est bien placée pour juger des fastidieux débats nés autour de l´émission de chèque sans provision. Quant à Maître Lamouri, il était déjà loin, sur la route de... Baïnem, où se trouve le tribunal de Bab El Oued.