Pour tout inculpé de coups et blessures où il y a un certificat d´arrêt de travail, il est impératif de constituer un excellent défenseur. Maître Mohammed Dje-diat est un grand défenseur connu là où il passe plaider. De Bouira à Chlef, en passant par Blida et Alger, il est redouté, non pas par ses accès de colère lorsqu´il défend des victimes de passe-droits, mais surtout par sa maîtrise des dossiers qu´il a en main et surtout des dossiers où existent des articles de loi que maîtrisent de fort belle manière l´avocat de «Patrice Lumumba». Et c´est tout dire. Il n´y avait qu´à le voir debout à la barre devant cette belle et majestueuse Ouahiba Mezaâche, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Chéraga (cour de Blida). Même Maître Rida Bekkat, Maître Djazia Nasri de Rouiba et Maître Naïma Mansouri d´El Harrach pourtant réservés, suivaient religieusement les assauts de cet avocat jovial, affable et compétent, quant aux faits, ils sont simples. Né en 1988, Saddak H. est inculpé de coups et blessures volontaires avec un arrêt de travail pour la victime de 12 jours. Maître Djediat minimise...devant la présidente de la section correctionnelle de Chéraga (cour de Blida), il a le regard qui fuit, car son casier est, Allah bénisse, chargé en ce mois de fin de janvier 2011, un mois doux et curieusement doux. La juge feuillette lentement le dossier. Elle reprend une copie du certificat médical et demande à la victime si elle va mieux. Cela suffit pour cette même victime qui fait une moche grimace, se tient les côtes, la tête, le poignet gauche avant de balancer: «Ça va, ça va...Madame la présidente. Il m´a esquinté. Et même les 12 jours prescrits ne sont rien à côté des ecchymoses qui traînent sur mon corps.» Et la juge, minée par le froid de la salle, de grimacer avant de murmurer: «On critique les médecins maintenant? Attention, votre statut de victime ne vous permet aucun écart. Vous êtes sous la protection du tribunal qui a la responsabilité de veiller au respect de la loi et de toutes les parties», jette froidement la magistrate. «Je m´excuse Madame. Il m´a bousillé. Je suis en colère et franchement, je n´ai pas pu me retenir. Désolé», marmonne la victime qui ne s´est pas aperçu de l´agacement de Zaïm, le rugueux représentant du ministère public qui a dû se mordre la lèvre inférieure au moment des demandes de la victime, réclamées par le tribunal. Effective-ment, alors que la présidente s´attendait à ce que la victime demande des dommages et intérêts, il n´a demandé, en tout et pour tout, qu´un châtiment exemplaire pour lui apprendre à ne plus mépriser les gens dans la rue. Et ce piétinement du «jardin» du parquet a permis à l´assistance de se défouler 41 secondes, car risibles à souhait, auront été les demandes de la victime. Saddek H, lui, était sur un nuage. Cette scène lui a permis de ne pas saisir les trois millions de centimes réclamés après que la présidente eut rappelé à l´ordre la victime à propos de dommages en espèces. Ignorant ce jeu de cirque de la victime qui a voulu émouvoir le tribunal, mais ignorant aussi que ce même tribunal bosse sur un dossier où des pièces maîtresses existent, Maître Djediat s´était surtout évertué à tenter de minimiser les faits du seul fait que ce détenu, Saddek H., était franchement loin d´être un amateur de remords, en un mot, «il ne peut être un repenti. Il ne reste au tribunal qu´à lui tendre la main, car le justiciable vous a expliqué qu´il avait été provoqué même s´il n´a pas à ses côtés un ou deux témoins pour consolider cette accusation», avait dit l´avocat qui prend acte du dernier mot de Saddek et de la mise en examen de l´affaire.