L'homme, qui a touché le «fond» à la suite de ses déboires avec son ancien parti, le mouvement Ennahda, a réussi, en quelques années à peine, à surnager de nouveau sur la scène politique, supplantant même l'ensemble de ses «frères ennemis», devenant, au passage, la seconde force politique du pays, à travers son nouveau parti, le mouvement El-Islah. Saâd Abdallah Djaballah, invité de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression» ne cache pas que le secret de cette réussite fulgurante est, en premier chef, dû à la «constance», mais aussi, à la «rectitude» de l'ensemble de ses positions. Avec un langage «dénudé», un tantinet populiste, il revendique la première place politique dans le pays, se voit déjà comme le futur président de la République algérienne et revient avec nous sur l'ensemble des sujets chauds et perspectives politiques qui touchent l'Algérie ces derniers temps. Bien que les conséquences paraissent être les mêmes, les raisons, selon le président du MRN, «sont tout à fait différentes», sinon complémentaires. Saâd Abdallah Djaballah, qui ne cache pas son hostilité pour l'actuel Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, le qualifie «d'éradicateur invétéré». A l'aide de locutions extrêmement dures, il commente le discours d'Ouyahia lors du congrès de son parti, le RND. «Les laïcs, au pouvoir depuis douze années, ont favorisé l'émergence et l'entretien de la violence terroriste. Le retour de discours éradicateurs sur le devant de la scène politique nationale risque d'exacerber de nouveau ce phénomène.» Djaballah, ce disant, ne cesse pas de «louer» la politique portant «concorde civile» du Président Bouteflika, estimant que «ses résultats sont positifs», ajoutant qu'il eût été «judicieux et positif pour le pays de pousser plus loin cette démarche en allant vers la réconciliation nationale». Si Djaballah ne sait pas si ce but poursuivi par son parti correspond à la fameuse «concorde nationale» dont la teneur est ignorée par tous, il n'en met pas moins en avant de sérieuses craintes de risques d'attentats terroristes à cause de la nouvelle politique que les autorités exécutives compteraient suivre. Si les risques de recrudescence terroriste en Algérie, à en croire le mouvement El-Islah, étaient surtout, pour ne pas dire uniquement, liés au changement intervenu à la tête du gouvernement, il en serait tout autrement ailleurs de par le monde. Des questions, en effet, n'ont pas manqué d'être posées par rapport aux terribles et sanglants attentats commis, tout récemment, en Arabie Saoudite et au Maroc. Djaballah, tout de go, a tenu, en son nom, mais aussi au nom de son parti, à dénoncer avec fermeté ce genre d'attentats, précisant que «la violence, commise sur des gens, quelles que soient leurs ethnies ou leurs religions, est rejetée catégoriquement par le mouvement El-Islah». Cela étant, Djaballah n'en joint pas moins sa voix à celles de nombreux autres politiques pour souligner que «les Américains et leurs quelques alliés, notamment britanniques, s'adonnent à une politique hégémoniste, condamnable et pouvant appeler des réactions violentes de la part de la communauté musulmane». Il en veut pour preuves irréfutables, notamment, les grave s commises quotidiennement en territoires occupés palestiniens au vu et au su de tout le monde, mais aussi, ce qui est en train de se passer en Irak et qui se passe de tous commentaires. Djaballah, le disant, précise qu'«il faut cerner ce phénomène, qui est celui du terrorisme islamiste international, afin de savoir ce qu'il faut faire pour y remédier». Le mouvement El-Islah, sur cette question, estime que «les régimes arabes et musulmans doivent aller vers plus de démocratie et de libertés afin de contrer l'hégémonie sioniste et américaine en laissant la parole libre à leurs peuples respectifs». Dans le cas contraire, notre invité reste formel, «le phénomène ne pourra qu'aller crescendo». Ce qui sous-entend en filigrane que la politique suivie par les Américains visant à démocratiser ces Etats et royaumes poursuivrait d'autres buts...