Les citoyens, désemparés suite à l'interdiction de la marche des délégués, ne savent plus à quel saint se vouer. Désormais, tous les scénarios sont possibles. Malgré l'interdiction de la marche des délégués de vendredi, Tizi reste sereine et calme à l'instar des autres localités de wilaya. La reprise des émeutes tant appréhendée par la rue n'a pas eu lieu. Les commentaires vont bon train quant à la suite à donner au mouvement de protestation. Chacun y allait de son analyse pour sortir de ce guêpier. Khaled Guermah, père de Massinissa, courageux et lucide à la fois, pense que «la marche interdite est un acquis comme toutes les précédentes déjà réprimées. Je trouve mesquin de médiatiser dans trois langues un mensonge, c'est-à-dire le communiqué du Chef du gouvernement. Le Président est le seul et unique habilité à répondre publiquement aux revendications légitimes et dans leur globalité». Avec beaucoup d'émotion il enchaîne: «Perdre son cher enfant innocent à la fleur de l'âge, c'est détruire toute vie de famille, c'est impardonnable quel que soit le châtiment, mais il faut rester serein et continuer le combat pacifiquement». De son côté Meziani M. de Makouda affirme: «Nous disons à ce pouvoir que nous sommes déterminés à faire aboutir les revendications de la population et que d'autres actions plus musclées et pacifiques seront envisagées prochainement.» Idir A.M de Ouacif conclut: «Le pouvoir va assumer seul la responsabilité de toutes les dérives. Il s'agit d'une inconscience qui démontre, si besoin est, que les sentiers qui mènent vers la démocratisation du pays et les solutions que préconise le peuple ne sont jamais empruntés par le pouvoir». Amar A., lui, tranche carrément avec les autres. Beaucoup, comme lui, pensent que «l'autonomie est inévitable, quoi que fassent les ârchs, ils finiront par adopter notre position». D'ailleurs, les autonomistes qui, au début des événements ont été mis au banc des accusés, commencent à avoir le vent en poupe. Les dernières sorties de Ferhat M'henni et les mots d'ordre scandés par les marcheurs refoulés de Naciria en attestent. Toutefois, la Cadc qui se réunira aujourd'hui en conclave extraordinaire en vue de la préparation de l'interwilayas des 11 et 12 octobre à Béjaïa, s'annonce décisive. Les délégués auront à gérer, encore une fois, la colère de la rue, née de l'après-marche du 5 octobre, et de la sagesse pour la prise de décisions que requiert ce genre de situation. Cinq mois après le début de la révolte, le retour aux émeutes est rejeté par la rue qui parle de décisions radicales, mais pacifiques. L'ère de la confusion et de l'aventure semble révolue. L'avenir nous le dira.