Le mouvement citoyen prépare fébrilement la marche du 8 août. Une action qu'il désire pacifique et ne tendant qu'à remettre au chef de l'Etat la plate-forme d'El-Kseur. Le ministère de l'Intérieur a, pour sa part, réitéré sa «défense de toute manifestation publique dans la capitale». Le mouvement citoyen, médiatiquement connu comme les ârchs, prépare fébrilement la manifestation du 8 août à Alger. Une manifestation qui s'annonce grandiose, à la mesure des sept wilayas qui ont tenu à marcher sur la présidence depuis le stade du 5-Juillet. Les responsables, chargés de l'organisation de cette «expression populaire», s'affairent tout en veillant à ce que l'action garde son caractère pacifique. Organisation du service d'ordre, encadrement des carrés de marcheurs, exclusion de tout excité et, surtout, surveillance étroite des carrés afin d'éviter toute «infiltration». Afin d'éviter le cauchemar du 14 juin dernier, les délégués de l'Algérois ont été sensibilisés pour que les jeunes d'Alger viennent renforcer le service d'ordre. Bref, tout est prévu pour que le 8 août soit une action pacifique, comme dira un proche du Cadc : «On va, peut-être, recevoir des coups, mais personne ne répliquera, c'est, en fait, ce qui va être notre conduite.» Puis, à un autre d'intervenir pour expliquer : «L'histoire du 14 juin ne se répétera jamais, car ce jour-là, on était confiant et des contre-manifestants, mandatés par certaines forces, ont réussi dans leur dessein criminel…» Il reste que les organisateurs de la manifestation retenue par le conclave interwilayas réuni à Boghni, affichent leur détermination à «porter haut et fort» le cri des populations qui se montrent «pour le moins outrées», comme l'expliquent plusieurs délégués du mouvement, qu'«Alger officiel festoie, en organisant un Festival mondial, au moment où plusieurs régions du pays sont en deuil…». Face à l'interdiction du ministère de l'Intérieur, les mêmes délégués répliquent : «On n'a jamais demandé d'autorisation pour marcher dans notre pays et dire haut et fort ce que l'on pense. L'action sera pacifique et ce, bien que l'on s'attende à des provocations…» Et l'un d'eux d'ajouter : «Peut-être qu'ils emprisonneront plusieurs d'entre nous. Ils en tueront aussi s'ils le veulent. Mais le combat ne cessera pas pour autant ! Un combat pacifique mais déterminé !» Les citoyens, eux, assistent angoissés au décompte des jours. «Plus que quatre jours et les émeutes reprendront, avec leur cortège de malheurs…», nous disent les gens qui savent que les ârchs ne reculeront pas devant les interdictions. Et tout le monde de se demander «si les pouvoirs publics ne pourraient pas laisser se faire cette marche, a priori, pacifique.» Et nombreux sont ceux qui ajoutent : «La volonté démocratique se mesurera aussi à l'aune de cette journée, qui sera ce que le pouvoir voudra qu'elle soit…» Pour appuyer cette action du 8 août, le mouvement citoyen appelle à une grève générale qui, n'en doutons pas, sera suivie, notamment, à Tizi Ouzou. Certes, cela pèse lourd sur le budget de certains commerçants, mais quand toute la région se… vide pour Alger, autant fermer. Enfin, il est bon de revenir sur les souhaits de toute la population de Kabylie, à savoir : «Pourvu que cela se passe sans incidents !» Malgré tout : l'angoisse est au rendez-vous !