La crise de Kabylie a refait surface, hier, à la faveur du discours prononcé par le Chef du gouvernement devant les élus du peuple. L'appel au dialogue pour mettre fin à la crise n'a pas laissé indifférents les délégués et les citoyens de la Basse-Kabylie. Le sujet était, hier, sur toutes les lèvres. Le discours d'Ouyahia était commenté au point de reléguer parfois au second plan la catastrophe qui a endeuillé le pays. C'est dire l'importance que l'on accorde, ici à Béjaïa, au règlement de ce conflit. Des commentaires des citoyens ressortait une nette évolution dans les positions comparées aux précédentes exprimées en pareilles circonstances. D'emblée, nos nombreux interlocuteurs n'ont guère hésité à gratifier l'auteur de l'offre «d'homme sincère et sérieux». La plupart des citoyens, qui ont accepté de nous entretenir, se sont montrés en phase avec le chef de l'Exécutif lorsqu'il affirme que «la crise a trop duré». Le fait d'inviter les ârchs à désigner eux-mêmes leurs représentants sonne comme «une volonté d'éviter les précédentes erreurs», notent encore les citoyens qui relèvent aussi les qualificatifs attribués aux ârchs par le Chef du gouvernement. «Il y a une nette évolution dans le discours officiel», explique cet enseignant qui espère «une contrepartie à la hauteur chez les délégués». Au niveau des citoyens, l'heure était globalement à l'optimisme, il n'en était pas de même chez les délégués du mouvement qui, dans leur majorité, ont réitéré les préalables déjà exprimés à maintes reprises, même s'ils restent convaincus que la solution passe inévitablement par un dialogue. Beza Benmansour de la coordination de Sidi Aïch s'est contenté d'un constat dont le moins que l'on puisse dire prête au pessimisme. «Je constate que les délégués qualifiés par le Chef du gouvernement de nationalistes et de patriotes sont, pour la plupart, poursuivis en justice. Certains croupissent depuis huit mois en prison.» Zahir Benkhettat du comité d'Akbou a, quant à lui, réitéré les préalables de la libération des détenus et l'acceptation publique de la plate-forme d'El-Kseur. «Nous n'avons pas peur du dialogue. La plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable parle pour nous», déclarait-il sur les ondes de Radio Soummam. C'est, en somme, un rejet qui ne dit pas son nom. A El-Kseur, le CSC a privilégié la concertation avant toute prise de position. Une réunion était prévue pour hier soir. Une source proche de ce comité, dirigé par Ali Gherbi, nous a affirmé l'existence d'une tendance très favorable au oui. Bref, dans l'ensemble, on attend des gestes d'apaisement significatifs chez les délégués.