«Je refuse d'entrer en polémique avec des gens qui ne représentent que leur propre personne.» Le discours d'inauguration prononcé par le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, à l'ouverture du congrès du RND, n'a pas laissé insensibles les animateurs des ârchs à Béjaïa. Les propos tenus concernant la crise qui secoue depuis deux ans la Kabylie sont à l'origine de nombreuses réactions qui diffèrent totalement des précédentes positions figées des délégués. Une nette évolution est à relever à ce sujet chez le délégué le plus en vue en Basse Kabylie. Ali Gherbi du Comité de la société civile nous a contactés, hier, pour nous révéler sa position. D'emblée, la figure de proue du mouvement citoyen de Béjaïa déclare «prendre acte de cette évolution» qualifiée, à plusieurs reprises, de «positive». «La reconnaissance dont a fait preuve M.Ouyahia concernant la nécessité d'une réponse aux revendications, l'allusion aux différentes manipulations que subissent présentement les ârchs et le fait de s'incliner devant la mémoire des victimes en rendant hommage au mouvement citoyen» sont autant de points qui semblent, pour le moins, satisfaire l'ex-pensionnaire de la maison d'arrêt de Béjaïa qui garde espoir de voir le secrétaire général du RND tenir les mêmes propos en qualité de Chef du gouvernement. Abordant le volet du dialogue comme moyen d'aboutir à une solution à la crise, Ali Gherbi s'est déclaré optimiste. «A El-Kseur nous avons déjà tranché la question», affirme-t-il en précisant: «Pour peu que les pouvoirs publics fassent un geste en faveur des détenus et rendent public le communiqué invitant à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur». Interrogé sur sa façon de rallier à sa thèse ses camarades du mouvement, notre interlocuteur s'est montré catégorique. «Qu'ils suivent ou qu'ils assument leurs responsabilités», lance-t-il en expliquant que «pour nous, il n'est plus question de cautionner une politique de pourrissement d'où qu'elle vienne». Pour lui, «il n'y a qu'El-Kseur qui est touchée de plein fouet par l'enlisement», en citant sans les nommer «ces délégués qui sont payés pour casser le mouvement et sa dynamique». Se basant sur les principes directeurs du mouvement, Ali Gherbi déclare en conclusion sur ce point: «Nous agirons dans le cadre du principe d'autonomie des coordinations.» A la question de savoir les raisons de son absence lors des deux derniers conclaves de la Cicb, il répondra: «Je refuse de rentrer en polémique avec des gens qui ne représentent que leur propre personne.» Sans les nommer, il identifiera, tout de même, leurs coordinations «Tinebdar, Souk El Thenine et Tizi N'Berber», accusant ses deux dernières «d'avoir reçu Zerhouni et de travailler pour le RCD». Le repositionnement de certains délégués par rapport à la conférence nationale est «une atteinte à la population d'El-Kseur», estime Ali Gherbi. C'est pourquoi, renchérit-il : «Nous serons amenés à les mettre en quarantaine.» En conclusion notre interlocuteur a tenu à justifier le reflux en matière de mobilisation qui relève, à ses yeux, du fait que «la population ne voit rien venir à l'horizon» et n'écarte pas «une radicalisation sans précédent si des mesures allant dans le sens du règlement de la crise ne sont pas prises dans les plus brefs délais».