«Ouyahia n'a pas été convaincant.» A défaut d'espoir et d'optimisme, l'appel pour la reprise du dialogue en vue de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur renouvelé par le chef du gouvernement lors de la présentation de son programme devant les députés, n'a suscité que scepticisme et indifférence. Attendu sur une position claire par rapport à l'officialisation de tamazight, objet de discorde lors du round du dialogue précédent, le chef du gouvernement n'a fait qu'effleurer ce sujet fort délicat en rappelant tout simplement la nécessité de la réhabilitation de tamazight dans toutes ses dimensions. D'où cette déception qu'affichaient clairement les délégués dont les réactions étaient empreintes de scepticisme. Eux, qui prévoyaient une évolution dans le discours du pouvoir en évacuant tout au moins l'option référendaire avancée dans un premier temps comme solution au point 8de la plate-forme, sont restés sur leur faim, ne sachant quoi opposer à ce nouvel appel du gouvernement. «Ouyahia n'a rien dit de nouveau.» «Nous aurions aimé que le représentant de l'Etat soit plus clair concernant le règlement du point de blocage». Autant de réactions qui masquent, on ne peut plus clair l'état de déception et de scepticisme chez les délégués des archs. Même si dans leurs propos, les délégués continuent à croire à l'option du dialogue, «moyen démocratique et civilisationnel pour le règlement de toutes les crises», il n'en demeure pas moins que cela reste manifestement insuffisant pour croire à une reprise rapide des pourparlers entre les deux parties. Le dernier mot revenant de droit à l'instance suprême des archs, l'opinion devra encore attendre au moins jusqu'à la fin du mois, date de la réunion de l'interwilayas à Sidi Aïch, pour connaître la réponse définitive des archs à l'appel. Au sein de l'opinion locale, ce n'est pas non plus l'enthousiasme des premiers temps. Contrairement aux appels précédents qui ont fait l'objet des discussions publiques, celui d'avant-hier n'est que très rarement abordé. De toutes les façons, les citoyens de Kabylie étaient déjà convaincus de cet état de fait et ne semblent nullement surpris aussi bien par le discours d'Ouyahia que par les réactions des archs dont on a fini par se lasser. Des propos des citoyens ressortaient au moins deux hypothèses qui sont avancées pour expliquer ce «statu quo». D'abord, il y a cette conviction selon laquelle «Ouyahia n'a pas été convaincant». Par cette sortie qualifiée tantôt de «floue» tantôt de «ratée», le chef du gouvernement «n'a pas été à la hauteur car manquant de précision et de clarté». Pour les plus pessimistes, «le sort de l'officialisation de tamazight est tranché au plus haut sommet de l'Etat». D'où, explique-t-on, «le silence d'Ouyahia par rapport au point de blocage». Au sein de cette frange de la population, on est convaincu qu'«Ahmed Ouyahia pouvait, d'une façon ou d'une autre, lever le voile sur les intentions du pouvoir sur l'officialisation de notre langue». «Le bon sens aurait voulu que le chef du gouvernement fasse état de l'évacuation de l'option référendaire et tout le reste pourrait être discuté», disait hier un sexagénaire sur un ton de désolation. Hier, nombreux étaient les observateurs qui affirmaient avec insistance que «tamazight ne sera pas officialisée, du moins dans l'immédiat». Une affirmation qui trouve son origine dans le discours même du chef du gouvernement qui a beaucoup insisté sur «la réhabilitation et la promotion de l'identité amazighe», pendant que «la clé du règlement définitif de la crise en Kabylie ne tenait qu'à une position claire quant à l'officialisation de tamazight», regrette-t-on à la fin.