Peut-être est-ce leur tâche, mais à bien y regarder, ils méritent les plus sincères encouragements. «Aucune maladie n'a été enregistrée jusqu'à maintenant au niveau des camps installés à l'échelle de la wilaya de Boumerdès», déclare le Dr Dahomane, membre de la cellule de crise installée dans l'enceinte même du siège. Depuis des années, ce docteur est chargé de l'organisation du secteur dans cette localité. «Toutes les données sont connues et on n'a pas le droit de se tromper, car on risque de connaître une autre forme de catastrophe», avouera ce jeune médecin qui ne cesse de sillonner toutes les localités de cette vaste région. Les moyens mis en place après le séisme du 21 mai dernier pour parer à toute forme de maladie qui risque de se déclarer sont énormes. Toutes les entreprises ont été centralisées au niveau de la cellule de crise installée, à cet effet. M.Dahomane reconnaîtra «cette volonté qui a animé le corps médical et paramédical pour être sur le terrain et sacrifier des heures de sommeil pour apporter aide et assistance aux victimes». Longtemps critiqués et mis à l'index, les spécialistes en médecine ont répondu à l'appel dès les premières minutes de la catastrophe. Les hôpitaux et les CMS, malgré quelques fissures, ont fonctionné 24h sur 24 pour sauver des vies humaines. Les chaînes devant les centres de transfusion sanguine sont interminables. Toute cette population en blouse blanche a manifesté cette volonté d'oublier ses déboires pour venir aider son prochain. On ne peut que la félicier pour sa bravoure et cette action qui ne dit pas son nom. Au sein des camps visités, tels ceux de Zemmouri, Réghaïa, Boumerdès... et tous les autres, l'amabilité de ces spécialistes n'a pas d'égale. On tente par tous les moyens de répondre aux sollicitations de tous. On traite tous les sinistrés sur un pied d'égalité. Là, on se rappelle ce qu'est un médecin, celui-là, critiqué il y a de cela quelques mois quand il revendiquait ses droits. Peut-on rester sourd à l'appel de détresse d'un enfants? Peut-on ignorer la souffrance d'une jeune fille, d'une mère après avoir passé des heures sous les décombres? Toutes ces questions n'ont pas effleuré «ce gentleman à la blouse blanche». Il n'est là que pour éradiquer le mal. «Au début, on manquait de produits et de matériels, mais c'est tout à fait normal, car les stocks ne pouvaient répondre à une telle catastrophe», avouera ce jeune médecin de la Protection civile. Les civières, les ambulances, le sang, les seringues manquaient. Il fallait évacuer, panser les plaies, nettoyer les blessures...en fait tout un travail d'urgence entouré de précautions et de technicité. On a relevé le défi des premières heures, car «Boumerdès et Alger recèlent de nombreuses infrastructures et toutes ne sont pas éloignées l'une de l'autre. Les wilayas limitrophes ont aussi mobilisé leurs biens pour nous venir en aide. Sur un rayon d'une cinquantaine de kilomètres et grâce à un réseau routier moderne, on a pu surmonter toutes le failles», précisera ce chirurgien. Effectivement, toute cette région est bien nantie et c'est grâce à cette rapidité d'exécution et surtout à la maîtrise des données que le drame a pu être évité. Aujourd'hui, ce corps médical s'est attelé à la tâche de prévention dans les camps de toile. On veille à l'hygiène alimentaire, à l'eau et surtout aux maladies infectieuses telles que la diphtérie, la rage, la rougeole...En fait, toutes ces maladies qui trouvent un terrain propice pour se déclarer. Les tentes portant le sigle «Croissant-Rouge» apparaissent à chaque angle de ces camps. Elles sont stérilisées. Elles fonctionnent comme les services d'urgence à l'intérieur des CHU. On veille à la moindre tache ou poussière. «Avant tout, il faut redonner confiance au malade qui se présente. L'hygiène est le premier atout pour arriver à une certaine ‘‘complicité'' entre le médecin et le malade. C'est pour ce principe de base qu'on mesure toute la valeur de la médecine», nous dira Fazia, médecin généraliste. Bien sûr, le médecin n'est pas tout seul dans ces «hôpitaux de campagne». Il y a aussi ce psychologue dépêché pour la première fois sur le terrain. Le rôle joué par ce dernier est tellement «important» - car il est là pour aider et évacuer les traumatismes psychiques - que le réconfort trouvé en lui permet de redonner espoir en des jours meilleurs. Toute cette vigueur, toute cette énergie, retrouvées et dépensées par le corps médical resteront le symbole vivant des sacrifices de ce corps. Appelés en urgence, ils sont là pour, encore une fois, témoigner de leur attachement à la vie. Combien sont-ils ces rescapés, ces sinistrés à trouver un mot apaisant, un coup de bistouri par-ci une compresse par-là pour re-voir la lumière du jour après une nuit d'enfer? On ne peut que féliciter ces gens-là et leur souhaiter bon courage.