Les Américains semblent être engagés dans un véritable engrenage en se heurtant à un résistance irakienne qui prend de l'ampleur. Les Américains font face à une véritable guérilla urbaine en Irak où chaque jour qui passe, montre combien l'occupation a des chances de se transformer en «bourbier» vietnamien. Outre les, 30.000 à 50.000, militaires britanniques, stationnés au Sud du pays, 147.000 soldats américains, selon des chiffres du Centcom (commandement central américain) se trouvent présentement en Irak. Toutefois, il ne s'agit pas là d'une question de rapport de forces, mais plutôt de la manière dont les coalisés maîtrisent la situation, d'une part, l'adhésion de la population à la présence des coalisés, d'autre part. Il est patent que l'effondrement du régime de Saddam Hussein a été accueilli avec un grand soulagement par les Irakiens, - qui ne se sont pas engagés dans la bataille de Bagdad, facilitant grandement, en fait, la chute de la capitale -, mais ceux-ci n'ont pas pour autant accepté l'occupation du pays, par la coalition. Beaucoup d'Irakiens se limitent, pour le moment, à contester cette occupation, comme l'a fait l'ancien ambassadeur irakien, auprès des Nations unies, Mohamed Al Douri, lequel dans un entretien à la BBC indiquait: «Le régime est fini, et maintenant nous avons à nous attaquer à un autre problème, la présence des Américains et des Britanniques en Irak, comme puissances coloniales.» Beaucoup d'autres Irakiens ont, en revanche, choisi de continuer à se battre, avec ce qui, a priori, constitue les débris de l'ancien parti Baas, dont de nombreux éléments sont entrés dans la clandestinité et choisi la guérilla contre l'occupation américano-britannique. Retranchée, semble-t-il à Falloujah, ancien fief sunnite, la guérilla donne du fil à retordre aux troupes américaines, dont de nombreux éléments ont été tués, ces dernières semaines. C'est dans ce contexte, que l'armée américaine d'occupation avait mis au point et mené consécutivement deux opérations intitulées «Péninsule», pour la première, laquelle, selon un communiqué du Cencom, s'est achevée jeudi dernier, et «Scorpion du désert» qui a commencé en ce début de semaine. Selon le bilan établi par l'état-major de l'armée d'occupation, «113 Irakiens et étrangers, non américains, ont été tués», lors de l'offensive «Péninsule». La seconde opération «Scorpion du désert» centrée sur le Nord, et notamment sur la région de Falloujah, a pour objectif de «pacifier» cette région à dominante sunnite du pays. Ce qui ne semble pas à la vérité évident, d'autant plus que la rumeur de la «résurrection» de Saddam Hussein, semble donner un coup de fouet à une résistance qui n'en est qu'à ses prémices. L'insaisissable Saddam Hussein serait en fait toujours vivant, selon la déclaration de sa fille aînée, Raghad, au quotidien londonien The Sunday Times laquelle affirme : «Je sais qu'il a survécu à la guerre». Toutefois, mort ou vivant, le mythe Saddam Hussein, - à l'instar de celui d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al Qaîda -, tend à grandir et motive une résistance qui trouve là des raisons de se battre pour libérer l'Irak. Au plan politique, rien ne semble se dégager de positif des négociations que mène l'ex-opposition avec l'administrateur en chef américain, Paul Bremer, qui semble peu convaincu des capacités de ses interlocuteurs. De fait, le gouvernement transitoire, dont l'entrée en fonction est prévue pour la mi-juillet, risque en l'état actuel des tractations de connaître du retard. Cela, d'autant plus que l'administrateur américain et l'ex-opposition divergent sur les attributions, compétences et prérogatives qui seront celles de la direction irakienne de transition. Par ailleurs, le statu quo est encore de mise pour ce qui est des armes irakiennes de destruction massives, qui, comme de juste, demeurent introuvables. A ce propos, l'ancien ambassadeur irakien, M.Al-Douri, tout en affirmant ignorer «si l'Irak disposait d'armes de destruction massives», a cependant relevé, dans un entretien à la BBC. «Mon gouvernement m'a dit que nous n'en n'avons pas. Elles ont été détruites en 1991 et 1992 et j'aurais tendance à croire que le gouvernement irakien ne mentait pas», ajoutant: «Nous attendons que les Américains et les Britanniques montrent les preuves sur ces armes de destruction massive. En tant que juriste, j'ai besoin de preuves». Et ce sont ces preuves, justifiant la guerre américano-britannique, qui font toujours défaut.