L'orateur a qualifié le défunt de «martyr de la nation islamique» entière. Le vice-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), M.Mohamed Magharia, a prononcé hier l'oraison funèbre au cimetière d'El-Alia, du président du parti, le défunt Mahfoud Nahnah, décédé jeudi dernier à Alger à 61 ans. Cette prise de parole, très attendue par tous, en raison des problèmes de succession que n'a pas manqué de poser la maladie puis la mort du leader du MSP, a été chargée de messages pour ne pas dévier de «la voie tracée par le cheikh président». L'orateur a qualifié le défunt de «martyr de la nation islamique» entière. Avant de rappeler de nombreuses citations du défunt telle: «Nous vivons avec nos idées et pour nos idées». Devant une assistance très nombreuse, composée de membres de la direction du parti, de militants et sympathisants ainsi que de la majorité des officiels et de la classe politique, l'orateur s'est efforcé de souligner que le défunt «n'a pas vécu pour le compte d'une partie, ou d'une région mais pour l'Algérie». Pour le vice-président du MSP, Mahfoud Nahnah a contribué à créer «une nouvelle école du nationalisme», tout comme il a «combattu tout marchandage». M.Megharia faisait allusion à l'association caritative El-islah wa el Irchad que le défunt avait fondée, en décembre 1988, avec son compagnon Mohamed Bouslimani, qui a été assassiné plus tard, ainsi qu'à sa participation active à la Ligue de la daâwa islamique aux côtés d'autres membres de la mouvance islamiste en Algérie, tels Cheikh Sahnoun, Soltani, Ali Benhadj et Abassi Madani. L'orateur dira également que le défunt «a souffert maintes fois de l'injustice», sans toutefois préciser sa pensée. Pour rappel, le défunt avait signé un tract durant le règne de Houari Boumediène qui lui a valu d'être arrêté et condamné à 15 ans de détention. Il sera libéré en 1980. De plus, tout le monde se rappelle des démêlés que Nahnah avaient eus avec les dirigeants du FIS-dissous, sans compter sa candidature malheureuse aux élections présidentielles de 1995 et enfin le rejet de sa candidature en 1999. M.Megharia rappellera longuement le combat du défunt Mahfoud Nahnah contre ceux qui font de l'islam, de la nation et du régionalisme leur fonds de commerce. «L'Algérie est unie de T (Tlemcen, Ndlr) à T (Tebessa, Ndlr), aimait à répéter notre cheikh», dira le vice-président du MSP. Et d'ajouter que «ta voie sera poursuivie», «toi qui as discuté avec tout le monde». L'orateur répétera souvent l'expression de «cheikh président» en parlant du défunt. Il jurera qu'au MSP «nous ne dévierons pas de la voie que tu as tracée». Que ses successeurs continueront à défendre la Palestine, l'Islam et la nation arabe. Et qu'ils resteront «fidèles à ta voie médiane et rassembleuse». Il rappellera que le défunt a enrichi le langage politique de certains concepts. On peut citer au passage sa célèbre formule, la «chouracratie», mélange de «choura» (assemblée de notables) islamique et de démocratie à l'occidentale. Cela lui vaudra d'ailleurs la méfiance des partisans de la démocratie et la défection des intégristes qui lui sont hostiles. Par ailleurs, l'homme avait pour habitude de faire, dans ses discours, des «sorties» très applaudies en arabe parlé et en français. Après l'oraison funèbre de Mohamed Magharia, la parole a été donnée au ministre des Affaires religieuses, M.Gholamollah qui fera la lecture d'une longue lettre que le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a adressée à la famille du défunt et à ses compagnons. Rappelons enfin qu'une veillée funèbre sera organisée au nouveau stade de Blida, et ce, le lundi 23 juin à partir de 17 heures.