Hichem entre dans un local commercial et s´empare de vingt mobiles de luxe. Il en offre quelques-uns à des connaissances...Brrr! Six inculpés dont quatre détenus poursuivis pour vol par effraction et recel, faits prévus et punis par les articles 354 du Code pénal, sont debout à la barre dans un état lamentable. Maître Houari Salem, Maître Aïcha Braïkia, Maître Fatma Akermi et Maître Farouk Mohammed Bouamra, venus de Blida sur Koléa sont silencieux. Chacun d´eu a déjà une nette idée du comment mettre en place une stratégie de défense, car encore une fois, l´instruction est passée à côté de la plaque, selon plusieurs avocats, car durant les débats, Hadj Rabah Barik, le président de la section correctionnelle du tribunal n´était pas prêt à se laisser embarquer par des ombres et des lumières. Pour ce faire, il a su utiliser le bon interrogatoire pour déceler le bon grain de l´ivraie. Il s´est même permis de mettre de côté les procès-verbaux de l´enquête préliminaire. Il a entendu, un à un, les six inculpés avec la ferme résolution de s´en sortir avec un verdict juste et que celui qui n´a rien à se reprocher devra rentrer chez lui. De Hichem K., à Belamri, en passant par Mansouri, Youssef, Nedjari, Youcef R. et Ali. C., tout avait été dit. Maître Braïkia cherche la petite bête à l´inculpation. Elle est persuadée que le propriétaire n´est pas «Jeanne D´Arc» à Orléans. Il a entendu des voix: celles des voleurs. Et pour l´avocate, il n´y avait pas que Hichem sur les lieux du méfait. Elle osera même gêner la victime en lui posant cette sacrée question: «Ce qui s´est passé dans votre local commercial peut-il être l´oeuvre d´une seule personne?» La victime hausse les épaules. Elle est venue se plaindre pas jouer au devin de bonne aventure. Mais le comble pour Maître Braïkia, tous les inculpés ont désigné Hichem comme étant le principal fournisseur des portables volés. Il s´était même permis d´acheter l´un d´eux avec un mobile de luxe en contrepartie, il devra se taire! «C´est ce qu´on appelle acheter un silence et c´est puni par la loi», s´était exclamée l´avocate. Il est vrai que la victime n´avait pas fait perdre son temps au tribunal. Il a repris en entier le pan de sa plainte. «Le 14 mars 2011 à 5h 55, j´ai été informé par le propriétaire des lieux que mon local venait d´être cambriolé. Je n´ai pas retrouvé 20 portables luxe, d´autres appareils électroménagers et 1500 DA laissés dans le tiroir» avait-il dit et repris, histoire de passer aux yeux du tribunal comme étant une victime venue réclamer ses droits en dommages. Youcef B.K-H, a affirmé que Hichem lui avait fait cadeau d´un beau portable. Mansouri A. a dit ignorer la provenance du portable offert par ce même Hichem. Youssef B.T., a dit avoir douté à un moment donné sur la provenance du mobile acheté, vu son prix. Ce qu´il faut surtout retenir, c´est qu´au cours de la présentation, au tout début, chaque inculpé a rejeté le délit sur l´autre. Ce qui a dû donner le tournis au magistrat instructeur. D´ailleurs, la victime qui avait bien suivi les débats n´attendait que le moment où le président allait l´inviter à étaler ses demandes. Il ne prendra pas de gants. Il réclamera pas moins de 35 millions de centimes de dommages et intérêts où on retrouve le prix des mobiles volés, la casse des serrures et surtout le préjudice moral. Juste après lui, Malek Drissi, le représentant du ministère public demandera une lourde peine d´emprisonnement ferme de «cinq ans outre une amende aussi ferme de 500.000 DA pour vol avec effraction et trois autres ferme pour les deux receleurs.» Hadj Barik prendra acte du dernier mot de chaque inculpé, annonce la mise en examen du dossier en fin d´audience et décide de condamner Hichem et les trois copains à une peine de prison ferme d´un an et de relaxer les deux receleurs, le tribunal ayant estimé qu´ils ignoraient la provenance des objets. Auparavant, le quatuor de défenseurs, avait tenté de toucher le tribunal au plus profond des pièces étalées sous les yeux du juge, un magistrat connu pour être un «esclave» pour ce qui est de ne courber l´échine que devant la seule loi. Intervenant en premier, Maître Aïcha Braïkia pour le premier détenu poursuivi pour vol par effraction a débuté sa plaidoirie en trombe. Elle assure qu´il y a un adage populaire bien connu qui souligne que chaque ovin ne peut être suspendu que par une de ses pattes. Maître Fatma Akermi, pour le deuxième inculpé a rendu hommage à son client, car il a facilité le cours de l´enquête en faisant de déclarations claires. Maître Salem Houari pour Saïd.R., a dit son bonheur d´avoir appris que son client a acquis un portable de quelqu´un qu´il connaît très bien et sur le plan familial. Maître Farouk Mohammed Bouamra sera le dernier plaideur en faveur de Mansouri, inculpé de recel. «Je tiens de suite à rendre hommage au tribunal qui a abordé tous les aspects du délit de recel. C´est un cadeau qu´avait reçu mon client», a-t-il articulé. Il est vrai aussi que Maître Braïkia avait refusé de tourner en rond et de prendre le taureau par les cornes. Elle était revenue sur le nombre de voleurs à 5h55, car le propriétaire avait entendu des voix, pas une seule. Maître Fatma Akermi avait, elle aussi, rappelé au juge que son client avait répondu du tac au tac aux nombreuses questions du tribunal «Il n´a rien caché et vous a informé qu´il avait proposé cinq millions de centimes pour le lot de mobiles volés. Maître Salem Houari avait, lui aussi, insisté sur le fait que son client n´avait aucune raison de douter de l´intégrité de Youssef. N. Enfin, il y a lieu de relever que Maître Bouamra avait dit que son client n´est pas un receleur. «Il n´avait aucune raison de se méfier de Belamri qui avait articulé avoir trouvé ce portable. Alors, face au doute, la requalification du délit est souhaitée pour Mansouri et Belamri. Ici, il convient de souligner que les quatre défenseurs s´étaient appliqués à enfoncer le clou face à un juge qui a l´oeil sur les procédures, surtout et les preuves, enfin. Et Barik ne peut aller que vers ce que lui permet la loi, lui qui démarre en véritable «enfant-obéissant à la seule loi».