Entre concessions et repli, menaces américaines et manifestations anti-pouvoir, le régime des Mollahs se trouve entre plusieurs feux. Après les Etats-Unis, c'est au tour de l'Allemagne d'accuser le régime iranien de vouloir se procurer des armes nucléaires selon le journal dominical, Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS), citant une source du ministère allemand des Affaires étrangères. «La nature et la dimension» du programme nucléaire iranien ainsi que les tentatives de Téhéran de se procurer à l'étranger de la technologie en vue de «développer un programme d'armes nucléaires» vont dans ce sens, a précisé cette source, citée par la FAS, soulignant toutefois qu'il n'existait pas de véritable «preuves». Une accusation qui conforte la thèse américaine qui se réserve le droit de recourir en dernier recours à la force militaire contre l'Iran pour l'empêcher de «développer d'éventuelles armes nucléaires» comme ils l'ont fait en Irak, a déclaré jeudi, le sous-secrétaire d'Etat américain, John Bolton à la BBC tout en affirmant que cette option était actuellement «loin de leur esprit» «George W.Bush a dit à plusieurs reprises que toutes les options étaient sur la table. Mais (l'intervention militaire) non seulement n'est pas notre préférence, elle est loin de notre esprit mais reste une option», indique le sous-secrétaire américain, chargé du contrôle des armements et de la sécurité internationale. Ces accusations sont perçues par Téhéran comme un prétexte pour asseoir leur hégémonie dans la région. Cette assertion est confortée, selon eux, par l'installation du général John Abizaid, en remplacement de Tommy Franks à la tête du Commandement central américain (Centcom), lequel a la haute main sur l'ensemble des forces américaines relevant du Centcom, dont la zone d'activité recouvre plus de 25 pays - de la Corne de l'Afrique au Pakistan et englobe plusieurs pays d'importance stratégique, dont l'Afghanistan, l'Irak, l'Iran, et le Pakistan, ainsi que les zones de la Corne de l'Afrique et les pays du Golfe. L'option militaire est rejetée par le gouvernement de Berlin, selon la ministre de la Coopération et du Développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul, laquelle affirme, rapporte le journal dominical Der Tagesspiegel am Sonntag, à propos des menaces contre l'Iran: «Je ne peux que mettre en garde contre une telle démarche», dénonçant la gestion américaine de l'après-guerre en Irak «Les Américains avaient un plan pour mener la guerre, mais ils n'ont de conception ni sur la reconstruction d'un nouvel ordre après la guerre ni sur la paix. Seules les Nations unies peuvent effectuer cela», a-t-elle estimé. «L'argent provenant du pétrole irakien est-il destiné à la reconstruction de l'Irak ou à des groupes américains?», a-t-elle, par ailleurs, ajouté non sans ironie. En outre et pour narguer les Etats-Unis, la Russie a décidé de continuer sa coopération dans le nucléaire civil avec l'Iran, estimant que l'AIEA n'avait adressé «aucun reproche sérieux» à ce pays, lors de sa récente réunion à Vienne, a jugé le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Iakovenko. Cette prise de position du porte-parole du MAE russe apparaît en porte-à-faux avec les propos tenus la veille par le ministre russe de l'Energie atomique, Alexandre Roumiantsev. Ce dernier a averti l'Iran que la Russie ne lui livrerait de combustible nucléaire que quand ce pays «aurait placé toutes ses installations nucléaires sous le contrôle de l'Aiea et lèverait toutes les questions de la part de l'agence». Cette déclaration a été perçue comme l'exigence de Moscou de voir Téhéran signer le protocole additionnel sur les inspections inopinées, comme le lui demande l'Aiea. Une exigence que le régime des Mollahs récusent catégoriquement. Téhéran a rejeté la demande de l'Aiea d'accepter l'inspection sans restriction de ses installations atomiques, et d'autoriser l'agence à «prélever des échantillons (d'eau, de terre et d'air) sur les sites où il existe des soupçons sur des activités d'enrichissement de l'uranium». En revanche, l'Iran entend négocier la principale demande de l'Aiea, de «signer et de mettre en oeuvre, rapidement et sans condition, un protocole additionnel» au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui permettra des inspections inopinées de ses sites.