Les conclaves du FLN, du RND et des ârchs ont donné lieu à une équation politique difficilement soluble. Le week-end politique a tenu ses promesses. Benflis sort enfin au grand jour, les ârchs ont réussi, à l'issue d'un conclave houleux, à adopter une position commune, au moment où Ouyahia, leur vis-à-vis dans un dialogue qui s'annonce serré, pointe un doigt accusateur vers le mouvement Islah. Par cette sortie médiatique musclée, le Chef du gouvernement et néanmoins n°1 du RND pose les premiers jalons de ce que sera l'un des thèmes les plus importants de sa campagne dès la prochaine rentrée sociale. A ce propos, il y a lieu de s'attendre à un été politiquement assez chaud, assorti d'une entame de l'année 2004 explosive. En effet, il semble que depuis hier, les principaux protagonistes de la scène nationale ont effectivement avancé leurs pions dans un échiquier politique rendu plus complexe avec le flottement que vivra l'autre grosse cylindrée partisane, le MSP d'ici à la tenue de son prochain congrès. Il est évident qu'entre la décision du FLN de désigner Ali Benflis comme candidat du parti à la prochaine présidentielle, le discours éradicateur du RND et les conditions posées par les ârchs pour accepter la main tendue du pouvoir, il y a là une équation politique difficilement soluble, notamment pour le Président de la République. En effet, en perdant le FLN, apparemment soudé autour de son chef, Bouteflika perd, par la même occasion, une formidable machine électorale. Il lui sera vraisemblablement difficile de s'appuyer sur le RND, ce dernier ayant clairement annoncé la couleur lors de son dernier conseil national. Ajoutées les velléités du MSP de reprendre le chemin de l'opposition pour redorer son blason, on se rend compte que le consensus qui a préludé à la victoire de Bouteflika lors de l'élection présidentielle d'avril 1999 a volé en éclats. L'homme devra, par conséquent, ne compter que sur sa farouche volonté de gagner pour convaincre les électeurs. Or, cela suffit-il à remporter un combat aussi décisif? Cela étant, rien n'est véritablement encore joué, d'autant que le Président de la République n'a toujours pas officiellement annoncé son intention de briguer ou pas un second mandat. D'ailleurs, la situation politique nationale évolue tellement vite que l'opinion n'est pas à l'abri de surprises que lui réserverait un personnel politique habitué au travail de coulisses. Cela dit, l'on notera pour l'heure que le grand gagnant de ce week-end est bien entendu le secrétaire général du FLN qui donne la nette impression d'avoir clos le dossier de la dissidence et peut désormais débuter sa précampagne sur du velours, ce qui n'est pas le cas de Ahmed Ouyahia et encore moins de Abdelaziz Bouteflika qui, s'ils décident de faire jonction à l'occasion de la prochaine aventure politique, auront fort à faire pour accorder leurs violons. Au plan strictement politique, beaucoup d'observateurs craignent une rentrée sociale agitée s'il venait à l'idée des leaders de l'ex-FIS, qui sortiront de prison dans les jours qui viennent, de réinvestir le train social. Ouyahia, qui estime que l'Algérie risque de connaître des moments angoissants comparables à ceux déjà vécus en 1991, ne croit pas si bien dire. En effet, le discours intégriste radical est remis au goût du jour. C'est là une donne importante qui vient compliquer encore plus le jeu politique et donc devront faire avec tous les acteurs de la scène nationale. Quant à la préparation des conditions socio-économiques à même de permettre d'améliorer l'image de marque du pouvoir, il est clair que le duo Bouteflika-Ouyahia a du pain sur la planche. Il s'agit de faire en sorte de tenir la promesse faite aux sinistrés de Boumerdès et de normaliser la situation politique en Kabylie. Ce sont là des dossiers à portée de la main, mais l'on est en droit de se poser la question sur ce que pèsera la résolution de ces deux problèmes lors de la bataille électorale. Il reste la bipartite promise par le gouvernement, qui peut participer à calmer le front social. Mais là aussi, il n'est pas dit que cela puisse porter tous ses fruits. Enfin, l'on peut avancer, sans risque de se tromper, que l'été 2003 sera effectivement chaud.