Abdelmadjid Sidi Saïd, SG de l'Ugta, a convoqué hier les secrétaires généraux et les membres des bureaux des fédérations sectorielles pour débattre de la situation syndicale au lendemain de l'ouverture des capitaux de 3 cimenteries. Le débat s'est déroulé en présence des journalistes, et Sidi Saïd a promis la même transparence à «l'exclusion des bipartites» dont il n'est pas «responsable» pour toutes les activités futures qu'aura à mener l'Ugta. Toujours est-il que le patron de la Centrale est arrivé en retard et a dû écouter le compte-rendu express que lui a fait Lakhdar Badreddine, SG chargé de l'économie, sur l'audition des responsables syndicaux locaux. Le SG de l'Ugta a expliqué qu'il était au siège du ministère de l'Education où il venait de parapher avec les ministres de la Solidarité et de l'Education un protocole d'accord portant sur la prise en charge de 11.500 candidats au baccalauréat des wilayas touchées par le séisme du 21 mai. Les colonies de vacances seront annulées cette année et le budget qui leur était alloué sera mis au profit de la prise en charge des lycéens qui auront toute latitude de préparer leur examen, a informé le responsable syndical. L'entame de l'allocution prononcée par Sidi Saïd tombe à propos puisque cela lui a permis de rebondir sur la question de la trêve sociale. «Au lendemain du séisme, c'est le secteur public et les travailleurs qui ont répondu à l'appel.» Sur sa lancée, l'orateur a affirmé avoir appris la nouvelle de l'ouverture des plis des cimenteries par le biais de la presse écrite et de la télévision. Il avait fait part aussi de son étonnement de voir l'Ugta impliquée dans cette opération. Sidi Saïd refuse de recourir au démenti par la publication d'un communiqué. «La présence de la presse suffit», s'est-il contenté de dire. Tout au plus Sidi Saïd conseille la vigilance à l'ensemble de ses troupes. Aucune réunion, à laquelle prendra part un membre de l'Ugta de quelque niveau qu'il relève, ne peut se tenir dorénavant sans la signature d'un procès-verbal. Cette mesure est nécessaire pour dissocier la Centrale de toute opération de privatisation «informelle» qui pourrait être conduite à l'insu des travailleurs. Pour Sidi Saïd, rien n'est perdu: «Le compte à rebours a été ramené à zéro pendant les journées de grève des 25 26 février 2003.» Il dit d'ailleurs avoir de «bons préjugés sur Ahmed Ouyahia, lequel a accompli un geste fort en soustrayant 54 unités figurant sur la liste des entreprises à dissoudre». Le conférencier s'est par la suite longuement étalé sur la nature du contrat social dont les termes seront négociés lors de la bipartite prévue en septembre prochain. «Celui-ci doit passer par la consolidation du tissu social et économique. On ne peut faire un pacte social en prononçant l'oraison funèbre du secteur public», a-t-il dit. Ajoutant : «Le pacte social doit intégrer la question du pouvoir d'achat des travailleurs, le problème des jeunes chômeurs, des licenciés et des retraités, il ne pourrait se faire sur la tête de ces gens-là.» Sidi Saïd promet aussi une négociation sérieuse, laquelle doit exclure le «ponctuel» et le «conjoncturel». «Que cessent les faits accomplis en matière de fermeture d'entreprises, qu'on nous dise quelles sont les entreprises stratégiques, quelles sont les performantes et les déstructurées et qu'on nous dise s'il y a une alternative à leur fermeture», a-t-il asséné. Par ailleurs, des sources syndicales nous ont appris que «le Chef du gouvernement a procédé au gel des ventes des cimenteries et a adressé une circulaire aux comités de participation de l'Etat leur demandant de surseoir à toute opération d'ouverture de capitaux». Les mêmes sources indiquent que «le gouvernement a instruit ses services aux fins d'observer scrupuleusement les recommandations ayant sanctionné la rencontre d'il y a 15 jours entre Ouyahia et le SG de l'Ugta».