Le président français Nicolas Sarkozy, dont l´entourage observe une grande prudence, apparaît renforcé par les déboires de Dominique Strauss-Kahn. Dans les arcanes du pouvoir, la retenue restait de mise depuis l´annonce de l´arrestation et l´inculpation dimanche à New York du patron du FMI, 62 ans, accusé d´agression sexuelle, séquestration de personne et tentative de viol sur une femme de chambre dans un hôtel. Après le gouvernement, le parti du président l´UMP (droite) a appelé à respecter la «présomption d´innocence» à l´égard de celui qui était jusqu´à samedi le probable futur candidat socialiste devançant Nicolas Sarkozy dans tous les sondages. «J´ai, dès hier, contacté un certain nombre de mes amis de la direction de l´UMP pour leur demander de faire oeuvre de beaucoup de mesure voire de silence», a déclaré hier le secrétaire général de l´UMP Jean-François Copé. Mais les commentateurs n´hésitaient pas à dire tout haut ce que les partisans de Sarkozy pensent sans doute tout bas: ce coup de tonnerre politique devrait profiter au président alors que sa cote de popularité est au plus bas à un an tout juste des scrutins d´avril et mai 2012. «Une chose est d´ores et déjà certaine: Dominique Strauss-Kahn ne sera pas le prochain président de la République française», affirme le quotidien proche du pouvoir Le Figaro. «La gauche voit disparaître le scénario annoncé par les instituts de sondage qui prédisaient pour DSK une quasi-élection de maréchal». «Le principal bénéficiaire de l´élimination probable de DSK s´appelle Nicolas Sarkozy», dit carrément le quotidien de province Presse Océan. «Le président voit son principal adversaire lesté d´une belle casserole, le PS dans l´embarras et une opinion publique appelée à faire la différence entre un homme de gauche suspecté d´agression sexuelle et...un candidat de droite, futur père de famille présumé, dans le cadre des liens sacrés du mariage», dit ce journal en allusion aux rumeurs de grossesse de Carla Bruni-Sarkozy. D´ailleurs, s´ils n´éreintent pas de front Dominique Strauss-Kahn, les ténors de la droite répètent de plus en plus que cette affaire ternit la réputation de la France. «Imaginer que cette image passe en boucle dans le monde entier est évidemment un sujet», a lancé M.Copé en allusion à DSK sortant du commissariat de Harlem mains menottées derrière le dos comme un vulgaire délinquant. «En plus de la victime présumée, la femme de chambre, il y a une victime avérée, c´est la France», a abondé la ministre de l´Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Stupéfaite, assommée, partagée entre l´espoir que M.Strauss-Kahn, qui nie toutes les accusations, soit innocenté, les appels à l´union ou «les larmes aux yeux» de ses amis, la gauche peinait à cacher son malaise. Dans cette affaire, le Parti socialiste a perdu son homme providentiel et doit rebattre ses cartes avant les primaires qui doivent désigner en octobre son candidat à la présidentielle et dont la tenue a été confirmée hier. Le parti n´est «ni décapité ni affaibli», s´est senti la nécessité de déclarer hier le numéro 2 du PS Harlem Désir. Il «compte en son sein de nombreuses personnalités» qui ont «la capacité de diriger l´Etat», a-t-il assuré citant la dirigeante du parti Martine Aubry et son prédécesseur François Hollande, figure montante des socialistes. «Nous respectons DSK» mais «ce n´est pas une affaire du PS», a tenu à préciser le patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault. Incrédules, certains proches de l´ancien ministre continuaient eux d´évoquer le possible «complot». «On avait promis à DSK le feu nucléaire dès qu´il ferait ses premiers pas de candidat», a dit le député Jean-Christophe Cambadélis.