Sur une info, la police judiciaire perquisitionne chez deux frères à Hussein Dey. De la came est découverte. Brrr! Maître Hocine Bouchina et Maître Baya Zanar étaient plutôt sereins lorsque entrèrent les trois prévenus condamnés à une peine d´emprisonnement de dix ans pour trafic de drogue, plus précisément commercialisation de came. Selon les inculpés, le coup de fil découvert sur le portable n´est pas un mobile ni une preuve. Même les trente-huit millions, les policiers ont écrit quatre-vingt-huit millions de centimes, ne sont pas le produit de la vente de poison. Tant mieux, car les deux avocats ont tenté de démolir le procès-verbal de la police judiciaire dont les éléments auraient bâclé l´enquête vite ficelée sans éléments constitutifs. L´affaire jugée il y a un peu plus de deux mois par Khaled Benyounès, le président de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey, avait été déclenchée à la suite d´informations récoltées par la police judiciaire faisant état de deux frères dealers. La descente qui s´ensuivra aboutira à la découverte de cachets psychotropes et un morceau de came. Cela suffira pour que les deux frangins soient embarqués, entendus et écroués, avant que l´on ne donne le nom de Toumi.O., chez qui on découvrira un sachet en cellophane vite envoyé au labo. Le plus jeune des frères qui passera son temps à la barre à pleurer et à se lamenter, reconnaîtra être le détenteur du poison pourri, dira-t-il plus tard pour couvrir l´aîné. Pour Toumi, Maître Bouchina en voulait beaucoup plus au juge de Hussein Dey qui s´était permis de «coller» les deux inculpations de:détention et commercialisation de drogue alors que Toumi n´était pas avec les deux frères Mezghiche au moment de la perquisition au domicile. Ce que Maître Bouchina n´a pas avalé estimant, au moment où il avait interjeté appel, que le magistrat de Hussein Dey n´avait rien à voir avec le droit et le meilleur moyen de manifester sa colère, c´était de s´adresser à la chambre correctionnelle où oh! coïncidence, dans la composition de Kherrabi se trouvait une certaine Nadia Amirouche qui avait remplacé les mardis à...Hussein Dey, Khaled Benyounès! Un comble! Le deuxième détenu est défendu par Maître Baya Zanaz qui a, elle aussi, posé trois questions à propos du fait qu´il savait que le «machin» acheté était le produit d´un méfait. Et le «machin» c´est la drogue... Nasser-Eddine Lasnami, le procureur général met son grain de sel et pose une bonne question sur la somme que le premier prévenu avait sur lui: Quatre-vingt-huit millions de centimes. Le parquetier venait, par là, d´édifier la composition correctionnelle à qui il avait appris que les policiers ont effectué une perquisition au domicile où ils ont découvert la drogue et cent-quatre-vingt huit millions de centimes «pas quatre-vingt-huit millions!» insistera-t-il avant de s´en prendre au troisième prévenu qui avait fourni la came. Le troisième détenu lui, n´a jamais arrêté de verser des larmes. Le trio de la composition correctionnelle sait ce que verser des larmes en appel, signifie. Ils sont de marbre, surtout Brahim Kherrabi, le président dont les questions posées font de ce magistrat un sacré juge du siège qui sait à quel moment taper au nom de la loi! Une loi aménagée par le législateur en 2004, le 25 décembre pour l´éclairage du juge qui naviguait à vue jusque-là. Il y a, ou il n´ y a pas de commercialisation! L´un des deux frangins avait tout pris sur lui pour soigner l´aîné à qui il ne voulait pas d´ennuis. Le client de Maître Bouchina, lui, est sûr qu´il n´a jamais joué avec le feu. Pour le savoir, il devra patienter encore trois jours, car le verdict est pour ce jeudi. Une chose est certaine: ça s´est drôlement compliqué pour les frères Mezghiche et le team à Kherrabi, le boss de la deuxième chambre a entendu, vu et surtout constaté que la drogue prise, si petite quantité qu´elle soit, y était, mais le fameux sachet en cellophane est toujours au labo de Rostomia. Peut-être arrivera-t-il après le verdict! Et alors, en attendant, on plaide. Maître Baya Zanar plaide de suite que le mandat de perquisition mentionnait Lamri, pas Mezghiche. «Hamza est un récidiviste, mais en ayant commis un vol, pas pour trafic de drogue. Nous connaissons comment bossent les enquêteurs pour prendre le suspect. Et aujourd´hui, on vient nous raconter des choses qui n´ont jamais eu lieu, avait lancé l´avocate qui avait rappelé que la drogue avait «été trouvée dans le domicile de Houcine, pas de mon client», avait-elle ajouté et de marteler par ailleurs, que le responsable de la détention de la came avait reconnu les faits et demandé pardon avant même d´être présenté. Et à la présentation, il avait tout pris sur le dos, estimant que son frère n´y était pour rien, alors que lui, au casier judiciaire éclaboussé, n´attendait rien quant à son avenir. «Mon client nie les faits pour l´honneur de la famille. Hamza ne doit pas payer pour ce qu´a fait son frangin. Et le juge qui l´a condamné à la lourde peine de dix ans d´emprisonnement, a mal jugé. Ce qui explique l´appel.» Maître Bouchina commence de suite par aller au fond du procès-verbal d´audition et finir avec le réquisitoire du procureur général. «Dans le PV d´audition, on évoque une communication téléphonique enfonçante. Droit sur la perquisition qui s´est soldée par la découverte d´un sachet en plastique expédié à Rostomia pour une expertise qui n´a jamais été réalisée et à ce jour où nous sommes en appel et toujours pas de preuves de commercialisation» a mâchonné l´avocat du Dr Saâdane, qui a repris sa jeune consoeur Maître Zanaz qui avait rappelé que la loi éloignait tout témoignage d´un prévenu à l´encontre d´un autre. Ouf!