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Inutile, ce huis clos
Publié dans L'Expression le 11 - 06 - 2011

Pour une fois, une juge du siège a été leurrée par un dossier vide et des couples ont passé deux nuits en taule pour s´être attablés à Zéralda...
Pour une fois, nous avions vécu une audience avant terme, soit 1h 30 avant le début des débats qui se sont tenus à huis clos.
Les délits? Le racolage, la prostitution et l´incitation des mineures à la débauche.
A la lecture de ces articles de loi qui relèvent de l´attentat à la pudeur, entre autres, qui vont du redoutable 342 (loi n°82-04 du 13 février 1982) ou encore le 343 (ordonnance n°75-47 du 17 juin 1975) avec leurs farouches alinéas, nous nous attendions à ce que les menottes allaient tinter à l´issue des débats. Et bien non! Tous les inculpés, y compris les fiancés pris au comptoir étaient libres: re-la-xés!
Maître Samir Sidi Saïd, pour une fois a piétiné la réserve bien avant, en s´insurgeant contre le fait de vouloir à tout prix fermer le bar, le restaurant et l´hôtel de la principale inculpée. Et l´ire du massif avocat n´avait d´égal que la maîtrise de Maître Lakhal, Maître Abas-Tourki, Maître Nouredine Benissad, Maître Laâdjal et Maître Mallia Bouzid qui a regretté que ce soit grâce à ces opérations que l´homosexualité se répand dans les rangs des deux sexes: «Comment faire maintenant pour laisser tranquille les familles venues prendre un pot?», dit-elle calmement. Il est vrai que l´interpellation des citoyens consommateurs s´est fait avec un tapage que les familles ont accouru vers les avocats à qui il avait été demandé l´octroi de la liberté et voir leurs enfants être jugés avec le statut de non-détenus. Les seuls échos reçus du huis clos auront été que Zaïm, le procureur, a été égal à lui-même, sévère, rigoureux, sec et sans pitié pour les inculpés contre qui il a requis de lourdes peines de prison ferme. Chéraga résonne encore des échos nés de l´opération coup de poing, menée par les services de la police judiciaire dans la nuit du 5 au 6 juin 2011 à Zéralda dans l´hôtel tant décrié par l´APC de cette localité de vacances et de détente. Les échos parvenus sont les exclamations des familles dont les enfants ont été interpellés durant cette nuit du malheur. Maître Nourredine Benissad, Maître Chérif Lakhlef, Maître Laâdjel, Maître Mallia Bouzid, Maître Abbas Tourki Abbas, Maître Radouane Lakhal, tous aussi retournés, révoltés, mais respectueux des procédures, ont déclaré juste avant le début de l´audience présidée par Joubana-Djazia-Mazaâche, qu´ils étaient, non seulement tristes, mais encore outrés que d´honorables familles soient traînées dans la mélasse parce qu´elles se trouvaient au comptoir ou attablées en train de se rafraîchir! Maître Bouzid, qui a regretté que le huis clos soit instauré, se dit qu´aujourd´hui, nos compatriotes femmes ne sont plus libres de leurs corps et de leurs comportements et qu´il faut maintenant l´autorisation des autorités policières pour que deux fiancés sortent prendre une limonade et l´avocate de Chéraga ira plus loin en regrettant que l´homosexualité se répande avec autant d´indécence et de conclure, avant d´entrer pour le procès tenu à huis clos par Joubana-Djazia Mezaâche, la juge du mardi. Une présidente, qui devait se farcir un pan entier des détenus du jour (68), entre les deux audiences pénales. Et il n´ y a pas que cela. Il y a aussi les détenus qui ont eu, la semaine dernière, la liberté provisoire ou tout simplement les non-détenus et ils sont légion. Pour revenir au procès, les avocats, enfin ceux qui ont daigné s´exprimer, indignés qu´ils étaient par le huis clos, car considérant que rien dans le dossier ne justifie cette décision, se sont exprimés sans état d´âme: «Il n´y a rien eu. Il n´y a aucun flagrant délit ni plume dans l´encrier», ni actes contraires à la morale. Pourquoi donc, ces honnêtes et paisibles citoyens sont -ils ainsi jetés en pâture et à la vindicte populaire?», a dit un avocat qui a requis l´anonymat. Entre-temps, les inculpés étaient dirigés vers la salle où le huis clos allait nous pousser au rangement du stylo et de la feuille juste pour attendre dans la salle des «pas perdus» la décision de Mezaâche qui a la réputation d´être une honnête magistrate, courageuse et surtout réglo vis-à-vis de la loi, des preuves, les vraies, pas les préfabriquées! Durant le huis clos, la présidente a écouté tout le monde: la relaxe des inculpés a été prononcée. Reste la rumeur des «on dit» et surtout les deux nuits d´incarcération de gens «bien».


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