Les Palestiniens sont bien décidés à demander en septembre prochain, lors de l´Assemblée générale de l´ONU, l´adhésion de l´Etat de Palestine sur les frontières (ligne d´armistice) de 1967, face au blocage délibéré pour une issue équitable de leur contentieux avec Israël. Se tourner vers l´Assemblée générale de l´ONU est devenu pour les Palestiniens l´ultime recours pour voir leur cause enfin entendue. Avant cela, les Palestiniens comptent aussi déposer un nouveau projet de résolution (au Conseil de sécurité), condamnant la colonisation dans les territoires palestiniens, avec en filigrane, la perspective d´un nouveau veto de Washington. La boucle sera ainsi bouclée, le Conseil de sécurité neutralisé, seule l´Assemblée générale de l´ONU, conformément à la Charte onusienne, peut alors rétablir les Palestiniens dans leur droit. Américains et Européens demandent aux Palestiniens de revenir aux «négociations», mais pour négocier quoi au moment où Israël poursuit, imperturbable, l´implantation de colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées. Lors de son voyage dans la région, le week-end dernier, la chef de la diplomatie de l´UE, Catherin Ashton, pressait encore les Palestiniens de reprendre les négociations, omettant de recommander à Israël de geler la colonisation, obstacle majeur à toute reprise des pourparlers et à tout retour de la paix. Cela fait tout de même des années que l´on tourne en rond, aucune institution internationale ne prenant sur elle de faire le nécessaire effort de mettre l´Etat hébreu face à ses responsabilités. Et celles-ci sont grandes dans le retour à la paix et à la stabilité au Proche-Orient. Or, Israël a multiplié, ces dernières années, les obstacles sur le chemin d´une solution à deux Etats (Palestine et Israël) vivant côte à côte. Il fallait seulement que cette «communauté internationale», qui a su le faire en d´autres circonstances, se donne les moyens pour que ses admonitions à Israël ne soient pas que du vent. Ce pouvoir «mondial», qui «supervise» aujourd´hui le «Printemps arabe», en a-t-il seulement l´envie? Nous en doutons fortement d´autant que les principaux acteurs du dossier israélo-palestinien, singulièrement le «parrain» américain, savent parfaitement à quoi s´en tenir. En effet, en novembre 2009, une note diplomatique américaine constatait: «Le fossé est trop large entre le maximum que peut proposer un Premier ministre israélien et le minimum que peut accepter un leader palestinien.» Dans le secret des alcôves, les diplomates américains savaient donc à quoi s´en tenir et leurs discours sur les deux «Etats» n´étaient qu´un artifice, un spectacle offert à peu de frais. Dès lors, c´est sur les Palestiniens que se concentrent les pressions que l´on ne veut pas - ou que l´on ne peut pas - exercer sur l´Etat hébreu. Du moment que Washington refuse de se donner les moyens de contraindre Israël à un minimum de vraisemblance dans ses négociations avec les Palestiniens - crédibilité qui passe sine qua non par le gel de la colonisation - il est patent que le processus devient bancal et sans issue compatible avec la restauration de la paix au Proche-Orient. Dès lors, comment peut-on reprocher aux Palestiniens - après 64 ans de galère et de fausses promesses - de recourir enfin, à l´Assemblée générale de l´ONU pour voir leur dossier sérieusement pris en charge? 130 pays (selon le dernier décompte), membres de lONU - la majorité des 2/3 largement atteinte - soutiennent la démarche des Palestiniens en reconnaissant un Etat palestinien indépendant. En usant pour une énième fois de leur veto pour stopper la condamnation de la colonisation israélienne - alors que 14 pays, y compris les 4 autres membres permanents du Conseil, ont voté pour - les Etats-Unis outre de mettre le Conseil de sécurité au service d´Israël, ont rendu inévitable le recours à l´Assemblée générale de l´ONU. Cqfd