El Gueddafi: «j'y suis, j'y reste» Le régime de Tripoli accuse l'Otan d'avoir tué 9 personnes dont des femmes et des enfants lors du bombardement, dans la nuit de dimanche, de la capitale libyenne. Alors que la situation semble stagner, plusieurs organisations internationales ont appelé à un «processus politique» pour mettre fin au conflit en Libye. Une réunion de hauts responsables de l´ONU, de l´Union européenne, de la Ligue arabe, de l´Organisation de la conférence islamique et de l´Union africaine a insisté, samedi au Caire, sur la nécessité d´une solution politique en Libye. Au même moment, Mouamar El Gueddafi a assuré sa détermination à rester aux commandes du pays, traitant par le mépris les frappes de l´Otan. Le dirigeant libyen, de plus en plus isolé, a été lâché par nombre de ses alliés et est confronté à des défections en série dans son entourage. Samedi, il a enregistré un nouveau revers avec l´annonce par l´Autriche de la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT), l´organe politique des rebelles, comme son seul interlocuteur en Libye. Alors que des voix commencent à s´élever, s´impatientant devant la longueur des opérations et le risque d´enlisement, l´Otan a rappelé ses trois objectifs: l´arrêt des attaques contre les civils, le retour dans leurs casernes des pro-El Gueddafi et l´accès total des organisations humanitaires au pays. «La mission continuera et nous augmenterons la pression jusqu´à ce que ces objectifs soient atteints», a dit une porte-parole de l´Alliance. Un communiqué publié à l´issue de la rencontre du Caire a ainsi affirmé l´importance «d´accélérer le lancement d´un processus politique qui réponde aux aspirations légitimes du peuple libyen». La réunion a également «souligné l´importance du rôle de l´ONU» et «l´importance d´appliquer entièrement les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité». La résolution 1973 autorise «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils de la répression de Mouamar El Gueddafi et prévoit une zone d´exclusion aérienne pour empêcher l´aviation du dirigeant libyen de pilonner ses opposants. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui participait à la réunion aux côtés du secrétaire général de la Ligue Amr Moussa et du président de la Commission de l´Union africaine Jean Ping, a déclaré qu´il fallait «offrir un soutien qui permette au peuple de Libye de choisir son avenir comme il l´entend». Autre volet diplomatique, la question de l´éventualité de contacts entre le régime et les rebelles reste posée! Vendredi soir, dans un message audio diffusé par la télévision d´Etat, Mouamar El-Gueddafi, au pouvoir depuis 42 ans, avait affirmé que l´Otan, à la tête d´une coalition qui bombarde par les airs son pays depuis le 19 mars, serait «forcément vaincue». Dans le même temps, son Premier ministre, Baghdadi Mahmoudi, a confirmé pour la première fois que des contacts entre le régime et les rebelles avaient eu lieu en Egypte, France, Norvège et Tunisie. Mais le dirigeant rebelle Mahmoud Jibril a démenti ces informations. M. Mahmoudi a par ailleurs accusé l´Otan de commettre des «crimes de guerre et des crimes contre l´humanité» et appelé à «une réunion urgente» de l´ONU pour examiner ces crimes. A ces accusations, l´Otan a estimé, que ces déclarations étaient «scandaleuses»: «C´est El Gueddafi et son régime qui ont systématiquement et brutalement attaqué le peuple libyen», a affirmé une porte-parole de l´organisme militaire occidental. Pour autant, samedi soir, l´Otan a reconnu qu´un de ses avions avait accidentellement frappé une colonne des forces rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin, en disant regretter «toute perte en vies humaines ou toute blessure due à cet incident». Aussi, dans la nuit de samedi à dimanche, vers minuit (22h00 GMT), une forte explosion a été entendue depuis le centre de Tripoli. Depuis mi-février, le conflit en Libye a fait entre «10.000 et 15.000» morts et obligé près de 952.000 personnes à prendre la fuite, selon des ONG internationales.