en attendant l'interwilayas de Bouira, il préfère parler de divergences de forme, espérant les aplanir avant que le dialogue ne commence avec le pouvoir. La première grande sortie médiatique de Belaïd Abrika, contre toute attente, a été faite sur un site Internet, animé par des Kabyles vivant à l'étranger. L'entretien, étalé sur plusieurs pages, revient sur tous les grands événements du moment et prend même la peine de répondre, indirectement, à Ali Gherbi dans ses déclarations faites à notre journal dans le cadre de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression». Le délégué de la ville des Genêts, comme à ses habitudes, ne mâche pas ses mots pour rappeler les principes fondateurs du mouvement, se voulant quand même rassurant avant de décréter: «Nous n'avons l'intention ni de faire de l'ombre ni de nous substituer aux partis politiques dans le sens où il n'est pas dans nos objectifs de transformer notre mouvement en parti politique.» Cette réponse indirecte au délégué d'El-Kseur s'adresse aussi aux deux partis politiques les plus fortement implantés en Kabylie qui se sont tous deux mis à critiquer le mouvement des ârchs, le FFS depuis toujours, et le RCD à l'approche de l'échéance présidentielle. Abrika, qui indique tirer sa popularité du mandat que lui a donné le peuple, va encore plus loin dans ses réponses en précisant qu'«il est évident que la mission du mouvement prendra fin (...) dès la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur». En attendant cela, le mouvement des ârchs, «dont beaucoup de délégués tiennent à leur honneur ne se substituera pas aux partis politique (de même) qu'il fera tout pour préserver son autonomie» vis-à-vis de ces partis politiques. Toujours sur le plan des divergences, apparues entre les délégués de Tizi Ouzou et ceux de Béjaïa et Bouira, Abrika préfère les tempérer en attendant le conclave interwilayal de Bouira qui devrait expurger le document final de tous les points de divergence et, plus important que tout, rapprocher le retour de la présidence tournante aux mains des délégués de Tizi en attendant l'ouverture du dialogue avec les représentants du pouvoir. A ce propos, d'ailleurs, Belaïd Abrika insiste sur le seul préalable sans lequel rien ne se fera alors que le mouvement risque de revenir vers des mouvements de protestation sur le terrain. «(...) Il demande à ce que le premier magistrat du pays se prononce en engageant l'Etat pour la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable.» Dans le même contexte, Abrika explique cette position tranchée et non négociable, elle aussi: «Si nous avons demandé un gage de garantie, ce n'est pas pour rien. Et même s'il nous donne ce gage, ce n'en sera pas fini avec ce régime. On sait pertinemment qu'un jour ou l'autre, il va changer de cap et nous trahir. Nous ne voulons pas contribuer à cette trahison.» Belaïd Abrika, parfaitement engagé en faveur de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur, pense que les changements véritables commenceront à travers elle. Très lucide, toutefois, il n'ignore pas que le changement de régime ne se fera miraculeusement pas en un seul jour: «Pour effacer quarante ans de corruption, d'injustice, de hogra, de pots-de-vin et de tous les maux qui incarnent le tiers-mondisme, il faut du temps.» S'agissant du mouvement des ârchs, qui a connu des hauts et des bas, Abrika trouve normal que les citoyens faiblissent de temps en temps. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que «nous n'avons jamais douté de ce que nous représentons car si nous sommes délégués d'une population, c'est qu'elle nous a mandatés. Cette population ne nous a jamais abandonnés. Elle a toujours été à nos côtés et aux côtés de nos familles.»