La reprise du dialogue, entamée hier à Alger par des animateurs du mouvement des archs de Kabylie, mandatés par le conclave interwilayas de Tizi Ouzou, ne se présente visiblement pas sous de bons auspices. Comme les précédents, ce nouveau round charrie ses “non-dits” et ses divergences. Et au rythme où vont les choses, il risque de prendre les allures d'une montagne qui accouche d'une souris. Alors qu'à Alger, Belaïd Abrika, porte-parole de la délégation composée d'une vingtaine de personnes, affirmait face à la presse dont la Télévision algérienne, longtemps vouée aux gémonies, “que nous sommes mandatés avec une feuille de route claire pour parler de l'actualisation des incidences depuis 2004 et de l'application de la plate-forme d'El-Kseur, outre de discuter de l'accord global concernant la mise en œuvre de la plate-forme”, une autre figure, non moins célèbre du mouvement, en l'occurrence Ali Gherbi, compte organiser aujourd'hui à la maison de la presse Tahar-Djaout, une conférence de presse, en compagnie d'une délégation de l'Interwilayas des archs “afin d'éclairer l'opinion sur les tenants et les aboutissants de ce nouveau round de dialogue qu'il qualifie de duperie”, selon ses propos rapportés par notre correspondant de Béjaïa. Ali Gherbi et d'autres animateurs jugent la démarche d'Abrika et consorts de “hâtive”. “L'Interwilayas a vite fait de succomber au chant des sirènes du pouvoir visant à susciter une autre scission au sein du mouvement citoyen”, estime-t-il. Des propos qui contrastent avec l'optimisme affiché par Abrika. “Nous exprimons encore une fois notre volonté et disponibilité à dialoguer afin de mettre un terme à cette crise en mettant en œuvre la plate-forme d'El-Kseur”, a-t-il dit dans une brève allocution au palais du gouvernement. “Nous savons tous que beaucoup de peines et de souffrances touchent des familles algériennes. Nous sommes venus pour un dialogue constructif et responsable avec l'Etat algérien dont nous faisons partie afin de faire avancer les revendications et les droits dans notre pays”, a-t-il ajouté. Un dialogue dont Abrika espère qu'il aboutisse à des résultats qui vont satisfaire l'Etat et le peuple. De son côté, le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, après un souhait de bienvenue à ses “frères” qui, dit-il, sont “chez eux”, s'est dit heureux de reprendre le dialogue que “nous avons arrêté pour des raisons connues”. “Nous reprenons le dialogue avec ses acquis, et sans doute avec ses leçons, avec la volonté d'aboutir à clôturer un chapitre douloureux pour toute l'Algérie, pour aller vers des jours meilleurs pour les régions qui ont connu des perturbations en 2001, mais aussi pour l'ensemble du pays”. Ahmed Ouyahia n'a pas manqué d'exprimer son “espérance” de voir les travaux couronnés de succès. Peu avant le début des travaux, une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs. Si Ahmed Ouyahia a parlé des “enfants décédés lors des tragiques évènements de Kabylie”, Abrika a tenu à rectifier les propos du chef de l'Exécutif en précisant qu'elle est destinée à la mémoire des “martyrs de la Révolution, du Printemps noir, des artistes disparus dont Mohia et Brahim Izri ainsi que les victimes du séisme qui a frappé le Sud-Est asiatique”. À noter qu'à l'heure où nous mettons sous presse, rien encore n'a filtré des travaux. Ils se poursuivent toujours. K. K.