Pour les délégués de Tizi Ouzou, Béjaïa et Boumerdès, le mouvement n'a rien perdu de sa cohésion. On parle de “petits soubresauts”, de “petits remous”, sans conséquence. L'épreuve du dialogue demeure toutefois entière. Verdict de l'Interwilayas, le jeudi 15 août. Un groupe de représentants des archs, conduit par le doyen Da Amar, dit El-Hadj le débonnaire, délégué de Fort National, a été, hier, l'invité du Forum d'El Youm. Au menu, il n'y avait pas photo : le retrait spectaculaire de Belaïd Abrika et de Ali Gherbi et la conséquence immédiate de ces départs sur la stabilité et la pérennité du mouvement. étaient présents, les représentants des coordinations de trois wilayas : Boumerdès, Tizi Ouzou et Béjaïa. À la tribune, il y avait notamment Rabah Boucetta (Boumerdès), Mohamed Allioui (Boumerdès), Bezza Benmansour (Béjaïa), Tahar Temmim (Tizi Ouzou) et d'autres délégués encore, sans oublier, et nous avions commencé par lui, Da Amar de la Cadc. Faisant volontiers dans une langue de bois qu'on ne leur connaissait pas, les tribuns du mouvement citoyen sont venus avec un même son de cloche dans leur besace : tout est nickel. “Y a pas le feu ! C'est pas la catastrophe. C'est normal. Dans la vie de toute organisation, il y a des soubresauts. Comment voulez-vous que cela épargne un mouvement aussi important que le mouvement citoyen !”, entonne Bezza Benmansour, délégué de Sidi-Aïch et chef de file de la Cicb. Devant un aréopage de journalistes qui attendaient quelque révélation fracassante sur les vraies raisons du retrait du tandem Abrika-Gherbi, la presse n'aura ainsi droit qu'à des explications-bateaux et autres réponses convenues. “Abrika reste toujours le délégué des Genêts. Il est toujours dans le mouvement citoyen. Il a juste gelé momentanément ses activités”, explique Tahar Temmim. Pour le délégué de Tizi Ouzou, “Abrika n'a jamais déclaré qu'il ne reconnaissait plus la Cadc”. Da Amar, quant à lui, parle de “petits remous”. Concernant le cas de Ali Gherbi, Bezza Benmansour préfère avancer un argument statistique. “À la dernière réunion de la coordination de Sidi-Aïch, nous avons pu rassembler 30 communes, alors qu'habituellement, on n'en rassemble que 25 en moyenne, voire moins. La majorité écrasante des communes de la wilaya de Béjaïa sont toujours dans la Cicb”, affirme-t-il. Une manière de dire que le retrait de la coordination d'El-Kseur n'est pas de nature à diminuer du poids des archs dans la région. Pour ce qui est des perspectives du mouvement, il faut dire qu'un gros nuage guette déjà celui-ci et l'orage gronde dans le ciel de Bouira. Durant la matinée de dimanche dernier, une réunion était prévue pour essayer de concilier les frères ennemis. Rappelons que la prochaine réunion de l'Interwilayas devait se réunir à Bouira justement. Mais elle ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices. Autre test-phare pour le mouvement : lundi, la Cadc doit rendre son verdict sur la question du dialogue. Et jeudi, ou vendredi au plus tard, l'Interwilayas est censée tenir son conclave et rendre sa réponse définitive au pouvoir. Sondés sur la tendance qui prévaut en ce moment par rapport au dialogue, les archs semblent toujours mal à l'aise devant cette question. Et de balancer à la cantonade l'éternel refrain : “La plate-forme d'El-Kseur est scellée et non négociable.” Rabah Boucetta précisera, cependant, qu'il y a eu des points postérieurs à l'élaboration de ladite plate-forme et qu'il faudra trancher avant d'aller à la table du dialogue : “Nous avons émis une déclaration, après l'offre de Bouteflika, dans laquelle nous avons posé nos préalables. Ceux-ci sont au nombre de trois : dissolution des assemblées fantoches, règlement du problème des factures d'électricité impayées et légalisation du mouvement dans le sens d'une plus grande liberté d'action pour les délégués.” Rabah Boucetta soulignera, par ailleurs, que Bouteflika a approuvé la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, “mais il a tout gâché en accompagnant cela de qualificatifs désobligeants”. Allusion à l'accusation d'atteinte à l'unité nationale. Da Amar est piqué au vif, lui qui a fait la guerre d'indépendance. “Nous sommes plus attachés à l'Algérie et à l'unité de ce pays que lui. Je n'ai pas de leçon de patriotisme à recevoir. Et je le dirai sans complexe : pour une fois, je suis d'accord avec lui.” (rire). Da Amar sourit aussi à propos du jeu trouble d'Ouyahia dont les finasseries ont fini par diviser le mouvement. “Ouyahia yahrach. Mais noukni dhaghen nestoufa.” (Ouyahia est, certes, malin, mais nous, on a le temps). Le délégué de Fort National poursuit en relevant que l'épreuve d'Ifri (festivités du 20 août s'entend) va être un énième revers pour les officiels : “Ni le Président, ni le Chef du gouvernement, ni aucun officiel, ne mettront les pieds à Ifri tant que la crise de Kabylie n'est pas réglée. Le sort de cette crise se confond désormais avec celui de toute la crise de ce pays.” Bezza Benmansour abonde dans le même sens : “La plate-forme d'Ifri ne fait qu'un avec celle de La Soummam, et l'Algérie de La Soummam, l'Algérie de Abane, est l'Algérie de l'union.” Et d'insister : “Nous sommes un mouvement rassembleur !” M. B.