Après l'examen du Bac, l'épreuve de l'inscription Avec 220.518 nouveaux bacheliers, les choix seront certainement très limités. La joie du Bac n'aura duré que le temps d'un petit week-end, pour laisser place à l'anxiété des inscriptions avec leur orientation pédagogique qui n'est souvent pas celle souhaitée. En effet, depuis des années, les universités et facultés du pays sont surchargées, particulièrement celles de la capitale. Le taux de réussite au Bac qui ne cesse de s'élever depuis la mise en place des réformes, n'est pas pour arranger les choses. Parce qu'en parallèle de cette surprenante et belle réussite au Bac, l'Université elle, ne suit malheureusement pas! Les étudiants doublent, voire triplent leur année, ils stagnent, au point qu'ils font une licence en 7 ans, l'équivalant d'un doctorat! Quelle est la cause de cette situation peu reluisante, qui est en fait la réalité de nos établissements universitaires? Cette réponse ne peut être donnée que par les responsables du secteur... Cette année, encore, plus que les autres années, le choix sera très limité. Car non seulement le nombre de reçus a été un record jamais enregistré avec 220.518 admis, qui représente un taux de 62,45%, mais également 44% des reçus l'ont été avec mention, soit 96.000 lauréats. Ajoutez à cela les perturbations qu'a connues le secteur de l'enseignement supérieur avec de longues grèves qui ont prolongé l'année de nombreux établissements universitaires jusqu'en septembre. Par exemple, dans les facultés de chirurgie dentaire et pharmacie, les 3e EMD n'auront lieu qu'en septembre, et les rattrapages quant à eux, sont prévus juste après. Par conséquent, les responsables du secteur ne peuvent savoir combien de places pédagogiques seront disponibles. Même une estimation approximative ne peut être faite. Que vont-ils faire dans ce cas? Supprimer l'accès aux spécialités concernées, comme ce fut le cas, l'année dernière, avec la filière interprétariat, où sans aucune explication, les étudiants ont été surpris de ne pouvoir suivre des études en interprétariat. ou bien vont-ils liquider les étudiants des spécialités concernées en leur «offrant» les examens pour leur assurer le passage à l'échelon supérieur? Dans les deux cas, la donne serait très grave, antipédagogique, et risquerait de nuire un peu plus au niveau de nos universités... Benbouzid a mis dans de beaux draps son collègue Rachid Harraoubia. 220.518 admis ce sont 220.518 problèmes en plus pour le ministre de l'Enseignement supérieur. Comment fera le ministre pour «caser» ces 220.518 nouveaux étudiants? «J'ai eu mon Bac et après», telle est la question que se pose la majorité des nouveaux bacheliers après l'euphorie de la réussite. Le recteur de l'Université Houari-Boumediene des sciences et des technologies de Bab Ezzouar (Usthb), M.Ali Benzaghou, leur a annoncé déjà la couleur. «L'Usthb est prête à accueillir tous les nouveaux étudiants désireux de s'y inscrire», a-t-il déclaré jeudi dernier. M.Benzaghou a indiqué que l'Université de Bab Ezzouar, constituée de huit facultés, a déployé tous les moyens matériels et humains pour la prise en charge des nouveaux étudiants. Il a, toutefois, relevé d'éventuelles «difficultés» dans le cas où le nombre des nouveaux bacheliers, désireux de rejoindre cette université, dépasserait 5000 étudiants. Il faut signaler que 5018 étudiants (3210 licences et 1808 masters) sont sortis cette année de l'Université de Bab Ezzouar qui dispose de quelque 25.000 places pédagogiques réparties sur 8 facultés. Cette sortie du recteur de la plus grande université du pays, sonne comme un message aux nouveaux bacheliers: «Vous serez tous orientés à Bab Ezzouar», avait-il l'air de sous-entendre. Il ne faudra pas s'étonner de voir, comme de coutume, la majorité des futurs étudiants orientés vers les filières littéraires et de gestion, dont la faculté dispose de places pédagogiques conséquentes. Bab Ezzouar, Dély Ibrahim, Ben Aknoun, avec la faculté de droit et l'Itfc, seront les «destinations» par excellence des nouveaux bacheliers. Ce qui relancera, à coup sûr, la polémique sur les orientations. Pourquoi orienter les scientifiques dans des filières littéraires et de gestion? Il y a donc un problème d'orientation qui se pose juste après le BEM (ou bien), un problème après le Bac. Dans les deux cas, il serait judicieux de supprimer les filières au lycée et regrouper tous les élèves dans une filière générale... Ça serait, en tout cas, plus juste. Pour parer à ce problème du nombre important de reçus, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s'est empressé de convoquer les responsables de son secteur au siège de son ministère pour une conférence nationale des recteurs et les chefs d'établissements universitaires. Cette rencontre sera «essentiellement consacrée aux préparatifs de la prochaine rentrée universitaire 2011-2012, notamment des structures pédagogiques et d'hébergement», révèle un communiqué du ministère faxé à notre rédaction. «Le volet relatif aux inscriptions des nouveaux bacheliers et leurs orientations constituera également un point important qui sera débattu lors de cette conférence», ajoute le communiqué. Il est également précisé que le bilan de l'année universitaire écoulée 2010-2011 sera fait de même que les nouveaux dispositifs pour la réussite de la prochaine rentrée universitaire seront étudiés. Le contenu et le timing de ce communiqué prouvent à eux seuls, les préoccupations de Rachid Harraoubia, pour trouver des places pédagogiques aux nouveaux bacheliers. En tout cas, cette situation ne laisse présager rien de bon quant à l'avenir de notre future élite. Où va l'Université algérienne?